Magical Storm
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 Le goût de l'interdit [Nicky]

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Matthew Callaghan

Matthew Callaghan


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MessageSujet: Le goût de l'interdit [Nicky]   Le goût de l'interdit [Nicky] EmptyJeu 8 Oct - 21:39




    Si Matthew avait pu se voir à cet instant, il se serait détesté ! Les traits déformés par l’inquiétude, voilà qu’il se retrouvait à faire les cens pas dans son appartement. Cela n’avait pourtant rien de choquant en soit, ce sentiment étant propre et naturel chez chacun. Mais pour égoïste tel que lui, c’était inimaginable. Jamais il ne s’était inquiété pour quelqu’un autre que pour lui-même depuis qu’il faisait parti des immortels. D’un autre côté, il n’aurait pu réagir autrement et le savait pertinemment. Cette situation commençait à le peser bien trop, l’affectant même, et même lorsqu’il s’efforçait a ne pas y songer, il semblait que le sujet ne daignait pas le laisser en paix, revenant encore et toujours. Ce jour là, ce fut lors du Conseil que la question avait été abordée. Après trois semaines d’absences inexpliquées, tous se demandaient où pouvait bien être passée la protégée de la communauté. Elle avait disparu du jour au lendemain. Cela n’avait alarmé personne, les vampires n’étant pas tous proches au point de se confier sur le moindre de leurs agissements. Mais après tout ce temps l’inquiétude se lisait sur les visages, sauf sur celui de Matthew qui arrivait parfaitement à donner le change. Personne n’aurait pu dire qu’il partageait les mêmes sentiments qu’eux. Cela aurait même était étonnant le connaissant, sans compter qu’il était de notoriété publique que le vampire ne portait pas spécialement Nicky dans son cœur. En fait, se n’était le cas de personne, il ne les haïssait pas pour autant mais il n’était pas connu pour s’attacher aux autres ou tisser quelques amitiés –ces dernières étant très rares. Le mieux qu’il pouvait offrir, c’était son respect à ceux qu’il jugeait digne de le recevoir. En ce qui concernait sa cadette, on savait qu’elle avait le don de lui taper sur les nerfs. C’était vrai… Cela en amusait plus d’un, de voir cette enfant tenir tête à Matthew et ce, depuis son arrivée. Ils s’amusaient même de leurs joutes verbales. Mais cela ne l’empêchait pas de l’apprécier, bien qu’il se refusait à l’avouer à qui que ce soit. Seul Aaron avait deviné son inquiétude concernant Nicky. Matthew l’avait vu arriver à des kilomètres lorsqu’il avait abordé le sujet et lui avait rapidement ri au nez. Pourtant il n’était pas sûr d’avoir convaincu son ami… il ne le connaissait que trop bien.

    Tournant en rond, les mêmes questions ne cessaient de venir se poser à Matthew. Quelle raison avait bien pu pousser Nicky à partir ? Etait-ce grave ? Allait-elle revenir ? et si c’était le cas, quand ? Lui était-il arrivé quelque chose pendant son absence ? Pourquoi n’avait-elle informé personne sur ses projets ? Elle n’était pourtant pas si secrète que ça… Elle s’était même déjà confiée à lui, bien qu’elle le sache moqueur lorsqu’il s’agissait d’elle. Pourquoi Diable avait-elle gardé le silence cette fois ?! Cette gamine allait finir par le rendre fou ! Il devait se changer d’air ! Aller se trouver quelque chose d’appétissant à se mettre sous la dent semblait une option parfaite pour se changer les idées. Sa décision prise, il quitta son docile sans tarder. Ses pas pressés le menèrent au Second City. Matthew aimait chasser dans les clubs ou les bars, le sang de ses victimes mélangé à une dose d’un quelconque alcool était d’autant plus délicieux. Mais malgré toute sa bonne volonté, il eu grand mal à se prendre au jeu. Il n’était bien entendu pas reparti les mains vides, mais le plaisir qui était d’ordinaire assimilé à la chasse ne fut pas présente cette fois-ci. Décidément, cette gamine avait le don de l’emmerder même lorsqu’elle n’était pas dans les parages.

    La nuit étant déjà bien avancée, Matthew décida de retrouver son logement. Il était bien trop tard à présent pour qu’un quelconque événement ne vienne le distraire, si cela puisse être réalisable. Il passa une main sur son visage aux traits qu’il devinait quelque peu tirés et poussa un long soupir las. Il devait se reprendre et ne pas laisser ces stupides sentiments ternir son comportement. Marchant d’un pas lent, rien de ce qui pouvait se passer aux alentours ne venaient le perturber tant il était de nouveau perdu dans ses pensées qui recelait encore et toujours des mêmes questions. Il ne fit guère attention du chemin qu’il empruntait et se rendit compte qu’il s’était dirigé vers le parc qu’une fois qu’il y fut. Cela n’était pas grave en soi, il faisait simplement un détour, mais cela restait étonnant car jamais il ne prenait ce chemin sauf lorsqu’il désirait chasser. Il ne se posa pas de question quant à ce qui avait bien pu le motiver pour passer par là. Sûrement une envie de verdure et un ras le bol du goudron et des immeubles.
    Le parc était désert, ce qui n’étonna pas Matthew. Il n’y avait pas de personne assez inconsciente pour se promener à une telle heure dans le parc de Chicago qui devenait peu sécurisant à la nuit tombée. Pourtant, et à sa surprise, une silhouette se dessina au loin dans la pénombre, et ses yeux s’écarquillèrent d’autant plus lorsqu’il lui sembla la reconnaître. Si c’était vraiment elle, la chance ne pouvait être que sa compagne. Désireux de vérifier ses soupçons, il marcha d’un pas vif vers cette silhouette, mais avant qu’il n’ait pu la rejoindre, elle se tourna dans sa direction et bien qu’il ait vu juste, il s’arrêta net comme surprit. Après tant d’inquiétude, tant de questions sans réponse, Nicky se trouvait là, non loin de lui. Il fit un nouveau pas en avant, mais sans qu’il n’en comprenne la raison, elle fit volte face et commença à fuir. Matthew fronça les sourcils et s’élança sans plus attendre à sa poursuite. Si cette sale mioche pensait pouvoir jouer avec ses nerfs, elle se trompait ! Il n’eu aucun mal à la amoindrir la distance qui les séparait, il avait toujours été meilleur qu’elle à la course à pied, ce qu’il aimait le lui rappeler afin de la taquiner.

    Dans leur élan, il lui agrippa le bras et la fit s’arrêter tout en l’obligea d’un mouvement vif, à lui faire face. Les traits durs et les sourcils toujours froncés, Matthew était sur le point de déverser toute sa colère à son encontre. Etait-elle inconsciente pour être partie ainsi ?! N’avait-elle pas pensé aux autres, à ceux pouvant se faire du souci pour elle ?! Et que signifiait cette tentative de fuite face à lui ?! Pourtant, contre toute attente, la colère de Matthew ne se montra pas. A la place, tira un peu brusquement sur le bras de Nicky afin de l’attirer à lui et la serra contre lui. « Ne refais plus jamais ça Nicky. » Lui ordonna-t-il dans un souffle. Il resserra quelque peu son étreinte avant de poser ses mains sur les épaules du vampire et de l’éloigner suffisamment afin de planter son regard dans le sien. « Où étais-tu passée ? » Il se rendit soudainement compte qu’il devait avoir l’air idiot, ressemblant à un père, ou au mieux à un grand frère trop inquiet. Or il n’avait jamais montré tant d’intérêt pour personne et encore moins à Nicky. Il lâcha alors ses épaules et recula d’un pas tout en se passant une main dans les cheveux et se racla légèrement la gorge, essayant de se reprendre. « Pas que ton absence m’ait spécialement inquiété, mais tu connais les autres… certain m’en ont indirectement incombé la faute. » Il essayait de dissimulait ses sentiments en se comportant tel l’égoïste qu’il avait toujours été. Il ne lui mentait pas lorsqu’il lui affirmait qu’on l’avait accusé de son départ. Il n’était soit disant pas assez sympathique avec elle d’après eux et c’est ce qui aurait provoqué son départ. Si c’était le cas, plus d’un aurait quitté la communauté. Ces accusations ne lui pesaient pas réellement, Matthew se moquait bien de ce que pouvait penser les autres, mais en même temps, il avait du mal à supporter qu’on puisse médire à son sujet. Mais en réalité, tout cela n’avait pas d’importance… ce qui importait, c’était qu’elle soit là, devant lui.

    Malgré ce qu’il venait d’affirmait, il combla la faible distance les séparant et la serra une nouvelle fois contre lui. Il avait du mal à croire qu’elle était réellement là et tenait à s’assurer ne pas rêver en la serrant entre ses bras. Son nez s’égara dans sa soyeuse chevelure et il respira sa douce odeur qui lui avait tant manqué bien qu’il se refuse à l’avouer. Il aimait son parfum doux et subtil, fruité et sucré… mais… il fronça les sourcils, conscient que quelque chose avait changé. Son odeur semblait plus forte, plus délicieuse également, au point qu’il aurait voulu mordre dans sa chair pour la goûter… à cette pensée, il réalisa que c’était parce que du sang s’y mêlait. Mais il ne s’agissait de sang qu’elle aurait pu ingurgité… non, mais bel et bien de sang coulant sans ses veines, son propre sang. La tenant toujours contre lui, il songea se tromper dans un premier temps. C’était tout bonnement impossible ! il y avait forcément une explication à cela. Cependant, il du se rendre à l’évidence lorsqu’il sentit contre sa poitrine, le battement faible mais régulier d’un cœur. Horrifié, il s’éloigna de Nicky la regardant avec effarement. « C’est impossible… » Le cerveau de Matthew tentait de comprendre ce qui se passait et après une rapide analyse, une seule solution s’imposait à lui : elle était en train de redevenir humaine. « Comment ? Pourquoi ? » Le phénomène était-il de sa propre initiative ? Dans son esprit, cela ne faisait aucun doute. Pourtant il lui semblait que Nicky aimait son immortalité, alors pourquoi aurait-elle désiré redevenir humaine ? Et à cette question, la réponse s’imposa à lui. « C’est pour lui n’est-ce pas ? Pour ton William que tu redeviens une humaine ? » Il grimaça en exposant son hypothèse qu’il pensait plus que valable. Il la savait trop attaché à ce minable, et plus d’une fois, il lui en avait fait la remarque, lui disant qu’étant une vampire, elle n’avait rien à faire avec un malheureux humain, rien de bon ne ressort de ce genre de relation, sans compter qu’ils ne sont pas dignes d’eux. Peut être qu’à force, elle avait fini par décider de changer en trouvant le moyen d’y parvenir… plutôt que de le transformer lui. Cette idée répugna Matthew qui se sentit envahi par la colère, mais surtout la jalousie. Il attrapa brusquement les épaules de Nicky et la secoua sans ménagement afin de lui faire retrouver la raison. « Pourquoi ?! N’as-tu pas conscience du mal que tu vas faire autour de toi ?! Mais merde Nicky ! Je croyais que tu avais plus de jugeote que ça ! Il ne t’aime même pas ! » Dire qu’il était en colère serait un euphémisme. Tout ce qu’il désirait à présent, c’était tuer William qui était en train de lui voler sa Nicky.



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Nicky Jefferson

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MessageSujet: Re: Le goût de l'interdit [Nicky]   Le goût de l'interdit [Nicky] EmptySam 10 Oct - 0:59

La peur au ventre, elle s’était réfugiée dans un appartement vétuste au coin de Bucktown. Ce qui lui avait d’abord semblé une idée particulièrement stupide se révéla finalement judicieux. Près de ce quartier essentiellement nocturne, elle n’aurait aucune difficulté à échapper aux curieux. Elle avait de même évité les quartiers trop chics où ceux qui la connaissaient étaient susceptible de commencer leur recherche. Et contrairement au port et aux périphéries de la ville, le lieu qu’elle avait choisi lui assurait un minimum de sécurité. La tranquillité, c’était une autre affaire. Son appartement avait beau être relativement éloigné des clubs et bars fréquentés, il n’échappait pas pour autant au trafic chargé qui emplissait les rues en contrebas ainsi qu’à tous les bruits que la tombée de la nuit apportait avec elle.

Avec un grognement de fureur, Nicky s’empara de son oreiller pour le coller sur son visage, comme un rempart aux bruits qui menaçaient de la rendre folle. Maintenant, elle comprenait pourquoi les loyers étaient si bas dans ce coin ci de Chicago. Pour un vampire, le bail qu’elle avait acquis serait une véritable bénédiction. Les vampires ne pouvaient être gênés par le tapage nocturne dans le sens où ils avaient bien d’autres occupations la nuit que celle de chercher le sommeil. Nicky eut d’ailleurs une pensée amère pour tous ceux qui se mêlaient petit à petit aux mortels en cette heure tardive, à la perspective d’une faste partie de chasse. Quand était-ce la dernière fois que Nicky s’était elle-même mise en chasse ? Se souvenait-elle seulement du dernier visage dont les traits s’étaient crispés sous ses crocs ? Avec les années, c’en était devenu une habitude. A tel point qu’elle ne se permettait même plus de s’émerveiller à chaque humain tué, chaque millilitre de sang absorbé, chaque parcelle de peau blanchissante … Et elle avait beau remuer ses méninges, elle ne voyait vraiment plus à quoi pouvait ressembler le dernier humain qu’elle avait mordu. Cela n’avait pas eu lieu plus de trois semaines auparavant et elle aurait été en mesure de redessiner ses traits dans son esprit, si seulement elle s’y était un tant soit peu intéressée. Nicky avait peu à peu pris l’habitude de négliger les humains. Ce à quoi il ressemblait à la veille de leur mort, ce qu’il pouvait ressentir tandis qu’elle leur volait leurs dernières gouttes de sang, tout cela n’avait pas d’importance. Seuls comptaient à ses yeux ses propres sensations, sa propre et unique petite personne. Cruel … mais foncièrement jubilatoire.

Les humains avaient beau l’indifférer, certains trouvaient tout de même grâce à ses yeux. Avec une pincée au cœur, Nicky dégagea son oreiller et se redressa d’un bond. Songeant à son calice, une foule de détails désagréables avaient forcé la porte de son esprit. Il n’était dès lors plus question de chercher le repos, elle savait qu’elle ne le trouverait pas de si tôt. Trop de questions se bousculaient à nouveau dans sa tête pour qu’elle ne parvienne à y mettre de l’ordre. Résignée, elle chassa les maigres couvertures qui la maintenaient au chaud avant de s’assoir au bord du lit. Elle se massa légèrement les tempes en songeant à la précarité de sa situation. Elle n’aimait pas se retrouver ainsi, impuissante. Elle ne pouvait qu’assister aux changements qui s’opéraient en elle, sans retour en arrière possible.
Ses sens avaient été les premiers à la trahir. Partant d’un dysfonction à la base anodin, elle avait bientôt commencé à perdre de son acuité visuelle. Parallèlement, son touché s’était dégradé, tout comme son ouïe et son odorat lui avaient joué des tours. Aujourd’hui, elle se donnait l’impression d’être une pitoyable humaine. Même son cœur niait désormais sa qualité de vampire. Il s’était remis à battre faiblement, lui faisant craindre le pire. Mais elle préférait ne pas y songer outre mesure. Aussi ne tarda-t-elle pas à quitter son appartement pour les quelques heures à venir. Elle savait avoir besoin de dormir, mais ne trouvait pas pour autant le sommeil. Mieux valait donc qu’elle se dégourdisse les jambes et profite de la fraicheur nocturne pour se vider l’esprit.

Ses pas la poussèrent d’abord à errer sans but à travers les rues familières de Bucktown. Mais lorsque son regard se fut posé à plusieurs reprises sur des vampires de sa connaissance, elle décida de s’éloigner. Il n’était pas question de se faire surprendre par l’un des siens alors même qu’elle mettait un point d’honneur à brouiller les pistes pour qu’ils l’imaginent déjà loin de Chicago. Ce n’était pas un problème de confiance, elle préférait simplement garder ses problèmes pour elle-même. D’autant qu’elle n’était pas sure qu’ils s’y intéressent vraiment si elle leur faisait part des récents changements qui s’étaient opérés en elle. Cela ferait sans doute l’objet d’un débat au conseil, les vampires jaseraient, tergiverseraient, avant de l’oublier à son sort. Mieux valait qu’elle cherche seule à se faire oublier, d’autant qu’elle se révélait douée en la matière. Lorsqu’elle n’y prenait pas garde, certaine que l’un des siens viendrait nettoyer derrière elle, il lui arrivait souvent de laisser des indices en masse sur son passage. Mais la situation exigeant désormais qu’elle devienne prudente, elle apparaissait prodigieusement invisible. Un sourire fier s’immisça sur ses lèvres à cette pensée. Il lui avait fallu se retrouver complètement perdue pour se rendre compte qu’elle était réellement douée pour quelque chose.

Souhaitant échapper à la trop grande concentration de vampires qu’offrait Bucktown, Nicky s’était dirigée jusqu’au Parc Grant. D’ordinaire, il ne s’agissait pas d’un lieu qu’elle affectionnait particulièrement. Tandis que les vampires aimaient souvent se mêler aux badauds dans les rues de Bucktown, les lycans avaient tendance à leur préférer les allées sombres du Parc. Les lycans, ennemis jurés de Nicky et des siens … Penser à eux donnait de l’urticaire à la jeune femme. D’autant que les changements dont elle était victime avaient tendance à lui faire craindre le pire. Mais mieux valait ne pas présupposer.

Son nouvel odorat prit le pas sur ses pensées et la poussa à stopper sa marche. Sondant légèrement l’air alentour, elle réussit à détacher une odeur des autres avec une précision et une netteté dont elle ne s’imaginait pas capable. Le processus était, à bien des égards, différent de celui qui lui permettait de reconnaître les odeurs auparavant. Mais l’odeur singulière, quant à elle, ne donnait pas à Nicky la moindre impression d’inconnu ou de nouveauté.
Ses soupçons se justifièrent lorsqu’elle se tourna et reconnu une silhouette bien familière. La crainte disputa bien vite la vedette à la surprise. Etonnée, Nicky n’en était pas moins, et avant tout, cruellement paniquée. Aussi, dans un reflexe parfaitement naturel, elle fit volte face et s’éloigna en courant. Aucune réflexion tangible n’avait sa place dans la décision de la jeune femme. Elle n’avait d’ailleurs jamais réfléchit au moment qui la placerait en face de l’un des siens. Elle ne savait pas comment réagir en l’occurrence, la fuite s’était donc révélée comme la seule alternative valable.

Malheureusement pour elle, le vampire ne souhaitait pas plus la laisser s’échapper qu’elle ne voulait l‘affronter. Ses performances physiques cruellement bouleversées, Nicky ne put guère faire le poids face à la vitesse indéniable de son congénère. Lorsqu’il la rattrapa, il lui administra une pression sévère sur le bras, la forçant à s’arrêter mais aussi à lui faire face. Les traits implacables de son aîné ne lui laissait présager rien de bon. Nicky se contenta donc de soutenir son regard. Rien ne l’avait préparé à ce qu’il la serre alors brusquement dans ses bras. Etouffant son étonnement, Nicky ne put pas pour autant rendre son étreinte au vampire. Déjà mal à l’aise, le fait que son cœur se mette à battre plus fortement finit de troubler la jeune femme. Le vampire sentirait-il son cœur battre, si faiblement que ce fut ?

«  Ne refais plus jamais ça Nicky. » Devait-elle en conclure que le fait lui avait échappé? Serait-il inquiet au point de ne rien remarquer de ce que Nicky tenait précisément à cacher? Le simple fait qu’il puisse être inquiet pour elle prêtait à sourire. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, le vampire ne lui avait jamais fait part de la moindre fibre fraternelle et encore moins paternelle. Au contraire, il avait plutôt tendance à la traiter comme une gamine négligeable, sans grand intérêt pour le membre du Conseil qu’il était.

Coupant court à l’effusion de bons sentiments, le vampire chercha à la tenir à bout de bras, comme s’il cherchait à l’analyser dans son ensemble. Nicky vit cela d’un très bon œil, moins ils seraient proches, moins le risque qu’il ne comprenne quelque chose se présenterait.
« Où étais-tu passée ? » Il avait sincèrement l’air inquiet, mais Nicky ne parvenait pas à trouver la position appropriée face à ce comportement inhabituel de sa part. Quoiqu’il en soit, il n’était pas question qu’elle en éprouve la moindre reconnaissance. Elle n’aimait pas forcément qu’on la surveille en temps normal, mais cela apparaissait encore plus vrai ces temps-ci. Qu’elle l’éconduise ou le rassure, dans les deux cas, elle devait s’assurer qu’il ne chercherait pas à lui imposer une surveillance trop appuyée par la suite. « Pas que ton absence m’ait spécialement inquiété, mais tu connais les autres… certain m’en ont indirectement incombé la faute. » Voilà qui était plus vraisemblable. Le vampire s’était constitué une attitude moins affectée qui lui convenait bien mieux. Mais il ne semblait être redevenu raisonnable que pour la surprendre une nouvelle fois. Car il venait de la prendre à nouveau dans ses bras et, Nicky avait beau apprécier l’étreinte, son cœur la trahissait justement bien trop pour qu’elle n’en supporte davantage. Il continuait à l’enlacer et Nicky ne s’en montra pas rassurée. Elle devait mettre fin à cette étreinte bien trop dangereuse … elle le devait. Malheureusement, le cœur n’y était pas. Se sentir enlacer de cette manière était de bien des façons trop agréable pour qu’elle s’en détache. Elle soupçonnait d’ailleurs le fonctionnement nouveau de son cœur de ne pas y être étranger.

Le sang qui coulait depuis tout récemment dans ses veines se glaça lorsque le vampire se coupa d’elle et lui opposa un regard lourd de significations. « C’est impossible… » Nicky déglutit. Cela lui apprendrait à se montrer réticente à briser de jolis moments. Levant un regard craintif vers son aîné, elle ne put que suivre le cheminement de sa pensée. « Comment? Pourquoi? » Si seulement elle possédait elle-même ces réponses, elle ne serait pas condamnée à fuir les siens. « C’est pour lui n’est-ce pas ? Pour ton William que tu redeviens une humaine ? » Nicky concevait parfaitement qu’il se pose des questions, mais qu’il se permette d’y répondre aussi abruptement avait quelque chose d’insultant.

Avec un rictus méprisant, elle chercha à se dégager de son emprise. Mais au lieu de la laisser tranquille, il trouva bon de l’attraper par les épaules et de la secouer comme s’il elle ne possédait plus toute sa tête et avait besoin d’être rappelée à la réalité.

«  Pourquoi ?! N‘as-tu pas conscience du mal que tu vas faire autour de toi ?! Mais merde Nicky ! Je croyais que tu avais plus de jugeote que ça ! Il ne t’aime même pas ! »

La jeune femme ne connaissait pas de mot capable de transcrire fidèlement sa pensée. Quoiqu’il en soit, elle n’hésiterait pas à tester tous les mots s’en approchant un tant soit peu pour prouver l’étendu de son écœurement. Le premier mot, capable de définir tout son reproche, fut des plus simples. « Matthew !! »
D’un geste vif, elle commença par se dégager de l’emprise du vampire puis, plongeant son regard dans le sien, elle le sondant tout en cherchant ses mots. « Je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu vas arrêter tout de suite, parce que ça ne me plait pas du tout ! » La suite de sa pensée n’était sans doute pas nécessaire à mettre en pratique, mais à défaut qu’elle le soit, elle aurait au moins le mérite de décharger Nicky d’une part de sa frustration. Aussi ne se priva-t-elle pas de gifler le vampire sans se soucier qu’il puisse répliquer. Elle avait encore du mal à se faire à l’idée, mais elle ne possédait plus la force dont elle avait été dotée tout au long de ce dernier siècle.
Rageuse, Nicky se raidit, inspira brièvement, puis déversa son venin:

« D’abord tu fais mine d’avoir été touché par mon absence; soit dit en passant je trouve ton cinéma ridicule! Pourquoi ne pas me dire clairement que tu étais soulagé que je m’en aille plutôt que de toujours chercher à en faire des tonnes pour que je comprenne que tu penses précisément le contraire de ce que tu racontes ?! » Elle marqua une pause légère, mais uniquement pour reprendre son souffle. D’ailleurs, prévenant toute intervention inopportune de la part de Matthew, elle leva un index menaçant avant de poursuivre. « Et ensuite tu me fais le coup du pauvre vampire outragé dont la protégée aurait été séduite par d’autres idéaux! Mais … depuis quand tu t’inquiètes de mon sort d’abord?! Je ne suis PAS ta protégée, met le toi dans le crâne. Je n’ai d’ailleurs besoin de personne pour s’occuper de moi ! » Les vannes étaient désormais ouvertes et Nicky ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. Elle était prête à déverser tous les ressentiments qu’elle avait sur le cœur depuis bien trop longtemps. De toute évidence, il avait fallu qu’il se remette à battre pour qu’elle constate à quel point il avait été éprouvé, toutes ces années. « Oh je sais bien ce que vous pensez tous de moi; que je suis une incapable! Mais c’est faux! Je ne sais pas si tu te souviens … » Baissant la voix, comme si la confession qu’elle s’apprêtait à faire lui coûtait, elle ajouta « Je t’ai fais la promesse de te prouver que j’étais capable. Aujourd’hui, j’en ai l’opportunité … » Elle hésitait désormais à en confier davantage.

Quoiqu’il en soit, il restait encore un point à éclaircir. Les fantasmes du vampire étaient plutôt alarmants et Nicky ne souhaitait pas qu’ils prennent davantage d‘ampleur. Elle comptait donc mettre les points sur les « i », mais tandis qu’elle songeait à la meilleur façon de le faire, elle réalisa qu’il existait une autre alternative. Matthew s’inquiétait et aucune des répliques acerbes de la jeune femme n’était en mesure de le nier. Oserait-elle pousser le vice jusqu’à l’inquiéter davantage? Ou du moins pouvait-elle le rassurer partiellement, tout en laissant planer le doute pour qu’il lui révèle le fond de sa pensée? Car l’amertume qui transparaissait dans ses propos à l’encontre de William était flagrante. Nicky ne pouvait décemment pas laisser passer l’occasion d’en apprendre davantage à ce sujet.
Plantant un regard radoucis dans les yeux du vampire, elle tenta d’utiliser les mots les plus justes pour parvenir à ses fins.

« Tu penses réellement que je n’ai pas de jugeote ? Ce qui m’arrive en ce moment, je n’arrive moi-même pas encore à déterminer s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise chose, alors comment voudrais-tu que ce soit intentionnel ? » Après avoir tenté de se montrer moins agressive, elle laissa ses questions en suspens tandis qu’elle réfléchissait déjà à ses propos suivants. Lorsqu’elle les estima murs, elle se fendit d’un sourire mutin et fit en sorte que son regard se perde dans le vide. « Une chose est sure malgré tout … William m’aime. Il a besoin de moi comme tu ne pourras sans doute jamais le comprendre. Jamais tu n’auras besoin de quiconque aussi ardemment qu’il a besoin de moi. Et je l’aime pour ça… »

Elle releva subrepticement les yeux pour s’assurer que ses paroles avaient été correctement assimilées. Puis, retrouvant un peu de légèreté, elle passa ses bras autour du cou de Matthew et le considéra d’un œil suave.

« Même si tu l’as sans doute fait pour les mauvaises raisons, j’apprécie finalement que tu m’aie couru après. »
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Matthew Callaghan

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MessageSujet: Re: Le goût de l'interdit [Nicky]   Le goût de l'interdit [Nicky] EmptySam 17 Oct - 2:20




    Cette gamine avait un don : celui de le pousser à bout. Beaucoup avait tenté avant elle, peu avaient réussi à le mettre dans un tel état de nerfs. Ceux ayant étaient au bout de l’exploit étaient soit morts, soit suffisamment terrifié à l’idée de déclencher de nouveau sa colère qu’ils n’oseraient s’y risquer pour rien au monde. Et elle… Il lui suffisait d’une phrase pour le mettre hors de lui et le pire, c’était que jamais il n’avait laissé la colère l’emporter au point de porter la main sur elle. A croire que quelque chose dans son cerveau l’empêcher de se montrer violent physiquement avec elle. Pourtant, elle aurait mérité des claques ! Déjà, elle se permettait de lui donner des ordres, à lui, Matthew. Au cas où elle l’aurait oublié, il avait deux cens ans de plus qu’elle, et il était membre du Conseil qui plus est ! Elle lui devait donc le plus grand respect ! Mais elle semblait à mille lieux de cela. D’ailleurs au lieu de se comporter en parfaite vampire respectueuse de ses aînés, elle ne se gêna pas pour lui administrer une gifle. Le coup en lui-même ne le blessa pas. Nicky restait une femme, vampire ou non, elle était toujours plus faible que lui. Alors, à présent qu’elle redevenait humaine, l’impact eu tôt fait de ressembler à une légère caresse. Pourtant, Matthew était blessé… Blessé qu’elle ait osé lever la main sur lui. Il grondait à chaque fois qu’on lui manquait de respect selon lui –toujours soit disant parce qu’il faisait parti du Conseil. Mais qu’elle l’ait frappait… c’était perturbant pour lui. Assez déstabilisant pour le faire hésiter quant à la conduite à suivre par la suite. Mais cela ne dura qu’une fraction de seconde. Matthew n’était pas si facile que cela à ébranler, bien que Nicky puisse se vanter de l’avoir fait vaciller.

    « D’abord tu fais mine d’avoir été touché par mon absence; soit dit en passant je trouve ton cinéma ridicule! Pourquoi ne pas me dire clairement que tu étais soulagé que je m’en aille plutôt que de toujours chercher à en faire des tonnes pour que je comprenne que tu penses précisément le contraire de ce que tu racontes ?! » Matthew se contenta de la fixer sans qu’aucune expression trahissant ses sentiments ne viennent se loger sur son visage. Elle se trompait… complètement même ! Il ne faisait pas semblant ! Il n’avait nullement été soulagé de sa disparition, bien au contraire, il avait été mort d’inquiétude ! Elle ne comprenait vraiment rien et cela avait le don de l’agacer. Et pourtant, comment l’en blâmer ? Il faisait tout pour brouiller les pistes, ne lui montrant que sarcasme et pas une once d’affection. Elle ne pouvait donc pas voir ce qu’il ressentait réellement. Seulement ce qu’il voulait bien lui montrer. Car même si cela l’exaspérait qu’elle ne le comprenne pas, il en était également soulagé. S’attacher, porter de l’affection à autrui… ce n’était pas dans ses habitudes, et si elle avait ne serait-ce qu’eu des soupçons là-dessus, il les auraient très vite démolis. « Et ensuite tu me fais le coup du pauvre vampire outragé dont la protégée aurait été séduite par d’autres idéaux! Mais … depuis quand tu t’inquiètes de mon sort d’abord?! Je ne suis PAS ta protégée, met le toi dans le crâne. Je n’ai d’ailleurs besoin de personne pour s’occuper de moi ! » A nouveau il aurait été impossible de dire ce que Matthew pouvait ressentir, si ce n’était… rien, tant son visage restait figé dans la même expression. Pourtant elle venait de le blesser, au plus profond de son être. Elle avait touché une corde qu’il n’avait pourtant pas cru sensible. Déclarer avec une telle force qu’elle n’était pas sa protégée… elle avait raison quelque part. Il n’était pas son géniteur, il ne s’était pas occupé de son éducation, et ne l’avait pas prise sous son aile. Leur relation fut plus simpliste que ça. Et pourtant, c’était douloureux. Comme si elle le renier en quelque sorte. Voilà une des raisons pour lesquelles il ne s’attachait pas : le rejet était trop douloureux. Il n’avait s’agit que d’un pincement dans ce cas présent, mais cela était suffisant pour Matthew.

    « Je t’ai fais la promesse de te prouver que j’étais capable. Aujourd’hui, j’en ai l’opportunité … » Le vampire haussa les épaules montrant le peu d’importance qu’il portait à cette promesse. Il était odieux, blessant et le savait au fond de lui, bien qu’il ait toujours agit de la sorte depuis que l’immortalité était venue le prendre. Elle lui avait fait une promesse, comme si le prouver ceci, à lui, était le plus important pour elle. Le ton employé était aussi un indice dans ce sens. Pourquoi ne pouvait-il pas se montrer plus avenant avec elle ? Parce qu’il s’y refusait tout simplement. Et après, il la blâmerait elle, lorsqu’elle ferait preuve de peu de considération à son égard. « Une chose est sure malgré tout … William m’aime. Il a besoin de moi comme tu ne pourras sans doute jamais le comprendre. Jamais tu n’auras besoin de quiconque aussi ardemment qu’il a besoin de moi. Et je l’aime pour ça… » Voilà de quoi il parlait ! Qui lui disait qu’il n’avait besoin de personne ? Comment osait-elle l’affirmer ?! Parce que lui-même le clamait. Oui mais Matthew était d’une mauvaise foi peu commune, donc il lui incombait la faute. D’autant plus lorsqu’elle lui balançait en pleine figure qu’elle aimait son petit humain pathétique. Mais si elle savait… Oh oui si elle savait ce qu’il en était réellement, elle changerait de discours ! D’ailleurs il ne se gênerait pas pour le lui dire. Pour qu’elle comprenne à quel point les humains ne sont pas fiables, et surtout trop faibles. Mais aussi pour qu’elle se rende compte qu’il n’avait pas besoin d’elle. Qu’elle lui en veuille, qu’elle ne veuille plus de lui et qu’enfin, William ne s’approche plus de sa Nicky.

    Il mourrait d’envie de lui cracher la vérité, mais elle l’en empêcha d’un simple geste. Ses bras autour de son cou l’enlaçait dans ce qui ressemblait à une étreinte. Nul doute que si on les avait découvert à cet instant, on aurait cru à un couple. Matthew la regarda un œil ennuyé mais un sourcil arqué témoignant de sa surprise quant à son changement de comportement. « Même si tu l’as sans doute fait pour les mauvaises raisons, j’apprécie finalement que tu m’aie couru après. » Un fin sourire vint étirer les lèvres de Matthew alors que ses bras se refermaient sur la frêle silhouette de Nicky. Son regard se fit énigmatique lorsqu’il le plongea dans les belles prunelles de la brune. « Tu es sans doute à mille lieux de t’imaginer la réelle raison pour laquelle je t’ai couru après… » Son sourire s’élargit avant qu’il n’ajoute : « Et ne cherche pas à le découvrir, je nierais tout. » L’un de ses bras resserra son étreinte, collant sa douce au plus près de lui, alors que son autre main remontait dans ses cheveux. Il la serra tendrement contre lui, sa bouche allant se perdre non loin de son oreille pour lui susurrer quelques paroles. « Tu n’es pas une incapable Nicky, tu es juste naïve… La preuve quand tu parles de ton William. Je te crois quand tu me dis qu’il t’aime, mais il a une façon bien à lui de le faire. Sais-tu qu’il t’a remplacé à peine quelques jours après ton départ ? et avec nul autre que moi. Il n’a pas besoin de toi, il a juste besoin d’un vampire. » Il s’écarta de sa belle, content de son effet, un nouveau sourire plus sardonique cette fois, avait prit place sur ses lèvres. Gardant sa tendresse, il caressa la joue devenue tiède de Nicky plantant un peu plus le couteau dans la plaie, il posait sur elle un regard attendrit. Il savait pourtant qu’il allait lui faire du mal, mais il faisait en son âme et conscience. « Son sang est plutôt agréable, je ne devrais pas en être étonné, tu as toujours eu bon goût. Ses lèvres sont tout aussi appétissantes, mais tu dois le savoir également. Il a dû te laisser y goûter aussi, comme au reste. » L’idée qu’elle ait pu réellement être à ce point intime avec lui le dégoûtait au plus haut point ! Mais il se retenait de l’exprimer, préférant jouer le jeu. Lui faire comprendre que son humain n’était qu’une catin comme les autres.

    Matthew finit par s’écarter de sa cadette, fronçant légèrement les sourcils. Son odeur commençait à lui chatouiller les narines avec un peu trop d’insistance. Il avait pourtant mangé peu de temps auparavant. La fragrance de son sang n’aurait pas du exercer une telle attraction sur lui. Mais tant qu’il se tiendrait à une distance raisonnable, tout irait bien. Du moins en était-il persuadé.



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Nicky Jefferson

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MessageSujet: Re: Le goût de l'interdit [Nicky]   Le goût de l'interdit [Nicky] EmptySam 17 Oct - 12:30



Alors qu’elle déversait contre son congénère, de 203 ans son aîné, toute l’amertume qu’elle avait accumulé, il ne cilla pas une seule seconde. Impassible, comme toujours, il était impossible d’imaginer ce vers quoi son esprit pouvait bien se tourner. Plusieurs fois, Nicky s’était interrogée quant à la réelle dimension de son impassibilité. N’était-ce que le reflet de l’inintérêt que le monde entier lui inspirait, qu’elle-même lui inspirait ? Ou s’agissait-il d’une manière habile de cacher tout état d’âme, tout sentiment, afin que jamais personne ne puisse soupçonner le combat qui se jouait en lui? A chaque fois qu’elle touchait du doigt l’une ou l’autre hypothèse, un détail, un geste ou une parole de Matthew venait tout démolir. Aujourd’hui, elle en était au point où elle pouvait affirmer sans gêne que le vampire ne ressentait tout simplement rien, envers rien ni personne, et que son regard inflexible n’était que le reflet du vide qui habitait son âme. Il lui était arrivé d’avoir des doutes quant à cette solution, mais plus le temps passait et plus elle se cristallisait dans son esprit comme un fait indubitable.

Le voir ainsi stoïque face à des propos qui auraient dû le faire réagir peina profondément Nicky. Elle avait finalement tort. Matthew ne s’imaginait pas le moins du monde comme son protecteur, son ami, son père … Il lui donnait davantage l’impression de trouver ses paroles particulièrement fade et ennuyantes. Il la trouvait ennuyante. Cette réalité descendit comme un poids dans la poitrine de la jeune femme qui manqua d’en perdre le nord. Avec faiblesse, elle lui rappela la promesse qu’elle lui avait faite. Elle ne rêvait pas, elle se doutait bien que cette promesse n’avait pas dû obséder le vampire jour et nuit, mais de là à s’en contreficher totalement … Le haussement d’épaule indisposé qu’il lui servit eut le don de la mettre hors d’elle. En réalité, cela la blessait particulièrement, mais elle préférait laisser le pas à la colère plutôt qu’à l’amertume. Nicky avait toujours trouvé cela bien plus honorable de réagir avec force et agacement plutôt que de laisser sa faiblesse prendre le dessus en la rendant pitoyablement affectée. Voilà pourquoi, aussi dur que fut le comportement de son aîné, la jeune femme ne se laissa pas abattre. Elle choisit ainsi de répliquer du tac-au-tac, en affirmant que William l’aimait et que lui, pauvre vampire apathique qu’il était, ne connaitrait jamais toute la dimension de la relation parfaite qui les unissait.

Nicky aurait juré voir un éclair passer dans le regard de Matthew. Mais ce fut tellement vif et minime qu’elle se demanda, la seconde suivante, si elle n’avait pas rêvé, si ce n’était pas son espoir de voir les traits du vampire empreints d’une quelconque réaction qui lui faisait croire en des chimères. Pourtant elle s’accrochait toujours vainement à cet espoir. Ce fut d’ailleurs pour cela qu’elle se décida à changer de tactique. Venant enlacer innocemment le cou de son aîné, elle le couva d’un regard aguicheur en lui offrant quelques mots encourageants. L’ennui qui se logea dans les yeux de Matthew et s’opposa à elle comme le plus franc des remparts fit un instant vaciller la jeune femme. Mais elle se reprit bien vite en constatant que, si l’ennui qu’arborait son regard pouvait être feint, la surprise qui ceignait son visage ne pouvait être que véridique. Se raccrochant à l’idée que ce pourrait être une bonne surprise, Nicky peignit un sourire mutin sur ses lèvres. Elle savait par expérience que très peu d’hommes pouvaient se vanter d’y résister. Et Bingo! Matthew se prêta au jeu sans perdre une minute. Ses bras se refermèrent sur elle et un sourire que Nicky sentait pouvoir jugé non feint élargit ses lèvres. Et pour enrober le tout, il vint capter ses prunelles de ses yeux clairs et énigmatiques qui firent frissonner la demoiselle.

« Tu es sans doute à mille lieux de t’imaginer la réelle raison pour laquelle je t’ai couru après … Et ne cherche pas à le découvrir, je nierais tout. » La réelle raison? L’assurance que Nicky avait quant à l’absence de sentiment qui habitait son vis-à-vis fut mise à rude épreuve. Elle voulait croire qu’il pouvait l’avoir suivi parce qu’il tenait tout simplement à elle. Dans ce cas, sa seconde phrase prendrait tout son sens. Mais les années avaient bien trop désabusées Nicky pour qu’elle s’accroche longtemps à cet espoir futile. Aussi se fit-elle bien vite une raison. Ce qui avait réellement poussé Matthew à lui courir après devait être d’ordre purement professionnel. Sans doute le Conseil le couvrirait-il déloge en apprenant qu’il avait retrouvé sa trace. Nicky ne voyait rien d’autre qui aurait put le pousser à la retrouver. Tout se résumait à une histoire de pouvoir le concernant.

Pourtant, lorsqu’il resserra d’un bras son étreinte, la collant plus sensiblement à lui, et qu’il laissa sa main libre s’aventurer dans les cheveux de Nicky, elle fut prise d’une étrange ivresse. Il la serrait tendrement contre lui et pour rien au monde elle n’aurait souhaité le repousser. Elle se surprit d’ailleurs à laisser ses mains glisser de son cou, contre son torse, pour venir se ficher sur ses hanches. Si on lui avait dit un jour qu’ils se retrouveraient tous deux dans une telle situation, elle aurait rit au nez du petit malin qui aurait énoncé cette blague. Mais pour l’instant, ce n’était vraiment pas l’envie de rire qui la démangeait. Sentir Matthew ainsi contre elle avait quelque chose de grisant, à tel point qu’elle en vint à se poser des questions. Il rapprocha bientôt ses lèvres de son oreille et les premiers mots susurrés manquèrent de la déstabiliser. La suite lui offrit cependant une cruelle douche froide.

« Tu n’ pas une incapable Nicky, tu es juste naïve … La preuve quand tu parles de ton William. Je te crois quand tu me dis qu’il t’aime, mais il a une façon bien à lui de le faire. Sais-tu qu’il t’a remplacé à peine quelques jours après ton départ ? et avec nul autre que moi. Il n’a pas besoin de toi, il a juste besoin d’un vampire. »

La douceur avec laquelle il s’exprimait tranchait, à dessein, avec la dureté de ses paroles. Pour couronner le tout, il brisa le contact idyllique qui les liait, rompant en quelque sorte le charme. Tout le poids des mots du vampire alourdit alors le cœur de la jeune femme. William l’aurait si vite remplacée? Et avec Matthew? Comment cela se pouvait-il ? Et pourquoi Nicky ressentait cela comme une double trahison? Il lui fallut quelques instant pour assimiler tout ce que cela signifiait. Un autre vampire s’emparait, régulièrement, du cou de son calice, transperçant sa chair et goûtant son sang. Et cet autre vampire était celui qui se tenait devant elle, celui qui, un instant plus tôt, lui avait inspiré un délicieux frisson. Le cœur de Nicky se tordait en les imaginant, tous deux, en train de partager cette intimité qui la liait autrefois à William. Ses yeux se perdirent sur les lèvres de Matthew, les même qui embrassaient désormais avidement le cou de l’humain. Et le vampire eut le culot de venir perturber les horribles pensées de Nicky en caressant sa joue avec une détestable tendresse. Le charme était désormais bel et bien rompus, tout ce qu’elle ressentait pour lui n’était plus que haine et dégout. Elle en avait assez entendu et ne souhaitait désormais plus que s’enfuir. Mais il ne semblait pas en avoir encore fini avec elle.

« Son sang est plutôt agréable, je ne devrais pas en être étonné, tu as toujours eu bon goût. Ses lèvres sont tout aussi appétissantes, mais tu dois le savoir également. Il a dû te laisser y goûter aussi, comme au reste. » Il parlait sur le ton de la conversation. Il vantait les mérites de William comme l’aurait fait un maître de son brave petit basset. Et il révélait à Nicky avoir goûté aux lèvres de l’humain … La haine et le dégoût bouillonnaient de plus en plus en elle, mais ils se disputaient désormais avec un nouveau challenger: la confusion. Et cette dernière semblait plus forte que tout. A tel point qu’elle en transformait totalement les traits de la jeune femme. Un observateur extérieur aurait été bien en peine de juger quelle émotion prenait le pas sur l’autre tellement le visage de Nicky était empreint de confusion.

Matthew finit enfin par s’écarter d’elle. Son mouvement le rappela d’ailleurs à son esprit et la tentation était grande de lui sauter au cou pour lui faire ravaler ses paroles. Bien sûr, elle n’aurait jamais le dessus, mais au moins cela aurait-il le mérite de lui calmer les nerfs. Rien ne lui paraissait plus enchanteur désormais que la perspective de se défouler sur les traits affables de cet abruti … Et pourtant elle ne fit pas un geste. Le combat qui se livrait en elle-même l’accaparait bien trop pour qu’elle se lance elle-même dans un combat physique. Ses traits marqués par cette lutte intestine faisaient écho à la multitude de lueurs qui emplissaient ses yeux. Pourtant, bientôt, une lueur se détacha des autres. Ses yeux brillants furent submerger par deux goutes étincelantes qui se muèrent en larmes et glissèrent contre ses joues. La sensation étrange qui étreignit Nicky tandis que ces deux uniques larmes roulaient jusqu’à ses lèvres fit chavirer son cœur. Il était rare, si ce n’est même impossible, de voir un vampire pleurer. Aussi devait-elle en déduire qu’elle avait bel et bien cesser d’en être un, pour laisser son malaise se constater aussi facilement. Elle ferma les yeux pour s’empêcher de laisser échapper d’autres larmes. Ce ne fut pas difficile de les contenir. Il ne s’agissait pas de pleurs abondants et insurmontables, mais bel et bien de larmes froides et amères. Elle ne rouvrit les paupières que lorsqu’elle fut certaine que l’humidité de ses yeux ne ferait plus naître d’autres larmes. Alors, elle plongea son regard voilé dans celui de Matthew, comme si elle s’apprêtait à en faire le procès.

« Je ne devrais pas être étonnée. William est humain, il a toujours été faible. Mais toi … toi tu me déçois. Il a fallut que tu me prennes la seule chose qui comptait vraiment à mes yeux … Oh, pas l’humain en lui même, il est facile d’en trouver d’autres plus docile. Ce que tu m’as pris, c’est mon indépendance, ma création, mon acharnement. Tu m’as volé ce que je ne devais qu’à moi-même. Tu n’aurais pas put me prouver plus clairement ta haine … » Jusque là fière et forte dans sa posture comme dans son ton, elle parut s’affaisser aussi physiquement que psychologiquement. « Je ne sais même pas à quoi je dois que tu me détestes autant. Je t’ai tenu tête toute ma vie, et tu n’aimes pas ça, sans doute… » Elle se recomposa une assurance et se fut le regard placide qu’elle ajouta: « Ca n’a plus d’importance désormais. Depuis toujours, j’ai essayé de t’impressionner, de te montrer que j’étais capable. Aujourd’hui j’ai compris que tu n’en valais pas la peine. » Toute sa déception transparaissait dans ses mots, le ton de sa voix et dans sa manière hautaine de considérer Matthew.

Là-dessus, après un dernier regard riche en supériorité et en dégoût, elle tourna le dos au vampire et commença à s’éloigner. Son départ théâtral aurait put être parfait si seulement, pressée par la situation, elle n’avait pas mal appréhendé la distance qui la séparait d’un bosquet de roses. En passant trop prêt des fleurs et de leurs dangereuses épines, elle se meurtri la main et le poignet. Les épines plus longues et coupantes que d’ordinaire lui valurent de légères mais visibles coupures. Mais si cela la piqua sensiblement, elle fit mine de rien afin que Matthew ne comprenne pas qu’elle s’était bêtement coupée en souhaitant tourner trop tôt derrière le bosquet. Seulement, elle oubliait qu’il pouvait sentir son sang sans le moindre effort et que ce sang, justement, risquait de le rendre plus dangereux pour elle qu’il ne l’avait jamais été.
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Matthew Callaghan

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MessageSujet: Re: Le goût de l'interdit [Nicky]   Le goût de l'interdit [Nicky] EmptyMer 21 Oct - 22:02




    Le combat qui semblait se jouer au plus profond de Nicky fit naître un sourire de contentement sur les lèvres de Matthew. Le but recherché semblait atteint et rien au monde ne pouvait l’extasier davantage. Il voulait que les sentiments de Nicky concernant son humain insipide soient mis à rude épreuve, voir complètement ébranlés par son intervention dans leur relation. La belle lui avait toujours appartenu, personne et encore un humain n’allait la lui retirer ! Prétende que Nicky faisait partie de ses possessions étaient quelque peu exagéré. Non en réalité, ça l’était complètement. Jamais la demoiselle ne lui avait appartenu, elle était bien trop indépendante pour cela. Ce petit bout de femme n’avait qu’un maître et c’était elle. Mais pour Matthew, elle était à lui. La relation qui les unissait était unique et il craignait qu’avec cet humain dans sa vie, elle ne l’en délaisse. Il aimait leurs joutes verbales, leurs sarcasmes, leurs petites plaisanteries moqueuses, bien qu’il ne l’aurait avoué pour rien au monde. Mais elle ? Cela lui convenait-il finalement ? Matthew n’en était pas si sûr et il refusait qu’un autre puisse offrir à Nicky se qu’elle attendait et ce qu’il ne pourrait lui donner. Car autant être réaliste, Matthew n’était pas à l’aise avec ses sentiments, encore moins avec ceux concernant la belle brune. Elle lui tapait sur les nerfs, parfois il n’avait qu’une envie : l’étrangler. Pourtant elle lui était indispensable. Elle avait su –en étant d’une insolence incroyable- se faire une place auprès de lui en à peine cens ans, et se faire indispensable pour lui. C’était inimaginable lorsque l’on savait que d’autres avaient essayé pendant bien plus d’années et avec un comportement irréprochable. Le seul ayant réussi un tel exploit auparavant était Aaron, et Matthew savait pertinemment que les sentiments qu’il éprouvait à l’égard des deux vampires étaient différents.

    Voir la confusion se mêler aux autres émotions de Nicky élargit quelque peu le sourire devenu amusé du vampire. Qui avait-il ? Etait-ce parce qu’elle ne pensait pas que son humain adoré se serait laissé toucher par un autre homme ? ou bien parce que ce dernier n’était autre que lui ? Il s’imaginait bien la scène qui pouvait se dérouler dans la tête de sa douce et s’en félicita, surtout lorsque le dégoût vint se peindre sur ses traits. C’était parfait ! Si tout cela pouvait lui inspirer que de l’écoeurement vis-à-vis de William, il serait comblé. Le fait qu’elle éprouve la même chose pour lui ne le dérangeait guère. Vu leur lien, il la garderait toujours auprès de lui sans qu’il n’y ait de grand changement. Mais au moins, elle ne s’éloignerait pas et ne le quitterait pas pour ce minable. Pourtant, tout son contentement à la perspective de ses plans se réalisant fondit comme neige au soleil lorsqu’il vit les yeux de Nicky se baigner de larmes et deux d’entre elles couler le long de ses joues. Ses traits se figèrent à cette vision inédite. La voir pleurer, et à cause de lui qui plus est, fit apparaître un poids alourdissant son estomac soudainement. La voir ainsi était… douloureux. D’autant plus que cela lui rappeler –et prouvait- que sa condition lui échappait bel et bien. Que se passait-il donc ? Quel étrange phénomène était à l’origine d’un tel changement ? De mémoire de vampire, cela n’était jamais arrivé. D’autant plus… naturellement. Car Nicky assurait n’y être pour rien et ne pas en savoir plus non plus. Dans sa vision écoeurée de l’humanité, Matthew voyait cela comme une potentielle maladie, le rendant à nouveau faible, à nouveau mortel. Cela allait-il se propager ? Fallait-il voir dans ceci, la fin de leur règne ? La fin des vampires ?

    Toutes ces questions ne trouvèrent pas leurs réponses, car Matthew fut happé par le regard implacable de Nicky. « Je ne devrais pas être étonnée. William est humain, il a toujours été faible. » Elle avait au moins les pieds sur terre ! Bien sûr qu’il était faible, comme elle le disait, se n’était qu’un humain. Mais cela n’excusait pas tout ! Si il avait réellement tenu à elle, il ne lui aurait pas demandé de le mordre, il l’aurait attendu. Au fond de lui Matthew se savait injuste. Il connaissait la dépendance qu’engendrait la morsure de vampire sur les humains, mais parmi tout ceux qu’il avait pu connaître au cours de ces trois derniers siècles, William était celui qu’il détestait le plus. Il ne lui laisserait pas lui voler Nicky sans opposer la moindre résistance. « Mais toi … toi tu me déçois. » Matthew haussa nonchalamment les épaules. Si ce n’était que ça… un banal sentiment de déception… il n’y avait rien de bien affolant et il savait qu’elle lui pardonnerait tôt ou tard. Bien que pour lui, il n’avait rien à se faire pardonner, puisqu’il n’avait rien faire de mal. « Il a fallut que tu me prennes la seule chose qui comptait vraiment à mes yeux … Oh, pas l’humain en lui même, il est facile d’en trouver d’autres plus docile. Ce que tu m’as pris, c’est mon indépendance, ma création, mon acharnement. Tu m’as volé ce que je ne devais qu’à moi-même. » Matthew dû se retenir à grande peine de laisser sortir une réflexion à propos de mouchoirs et de violons. Bien que le courroux de Nicky soit fortement moins virulent qu’il ne l’aurait pensé, il n’avait pas vraiment envie de la pousser plus à bout. « Tu n’aurais pas put me prouver plus clairement ta haine … » Haine ? Voilà qu’elle partait un peu trop dans des extrêmes ! Il ne l’avait jamais haïs ! Certes il n’aimait pas qu’on puisse lui tenir tête, il était bien trop fier et suffisant pour cela. Mais avec elle c’était différent. Elle lui tapait sur les nerfs, et bien qu’il ne supporte pas qu’on puisse lui parler comme elle le faisait, cela l’amusait. Il ne pouvait s’en passer et pourtant, il ne pouvait lui avouer, tout comme il avait bien du mal à se l’avouer à lui-même. Aussi ne chercha-t-il pas à lui rétorquer quoi que ce soit.

    « Ca n’a plus d’importance désormais. Depuis toujours, j’ai essayé de t’impressionner, de te montrer que j’étais capable. Aujourd’hui j’ai compris que tu n’en valais pas la peine. » Le fait qu’elle lui avoue ouvertement ses tentatives aurait pu lui faire plaisir… si il n’avait pas su quels en étaient les réels buts. Si Nicky cherchait tant à l’impression, c’était parce qu’il était le seul de la communauté à rester de marbre face à elle et son charme enfantin. Depuis toujours, ils avaient tous été complètement gaga d’elle, alors que lui ne lui montré qu’indifférence d’abord, sarcasme ensuite. Il était le seul à ne pas être séduit et cela devait l’ennuyer. Pourtant le fait qu’elle baisse les bras, et surtout qu’elle déclare ne pas le trouver digne de ses efforts, le blessa. Mais comme toujours Matthew se garda bien de le laisser paraître. Peut-être aurait-il dû pour une fois… Peut-être aurait-il la retenir, lui dire qu’il ne la haïssait pas, qu’elle n’avait pas besoin de faire ses preuves face à lui, car il l’estimait bien plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Mais Matthew restait trop buté et inapte à exprimer ses sentiments pour se lancer dans une telle chose. Aussi la regarda-t-il s’éloigner de lui. Il savait à présent qu’elle allait bien –ou plutôt qu’elle était toujours de ce monde, car aller dans sa situation était impossible pour le vampire- qu’elle était toujours à Chicago, et qu’il la retrouverait, encore… N’étant plus la cible du regard de Nicky, il laissa la peine et une certaine culpabilité envahir ses traits. Las, il poussa un soupire expriment ce sentiment avant de passer une main sur son visage.

    Il était prêt à partir à son tour, lorsque quelque chose vint le déranger. Une odeur alléchante chatouilla ses narines. D’abord subtilement, jusqu’à ce qu’elle ne les emplisse. C’était l’odeur du sang de Nicky, il le reconnaissait tant son parfum était délicieux, pourtant il était bien plus fort et terriblement plus tentant à cet instant. Matthew sentit alors ses canines le démanger et sans qu’il ne s’en rende compte lui-même, il se retrouve en une fraction de seconde face à sa belle. Son regard assombrit par une soif qui irradiait sa gorge, il agrippa le poignet de Nicky. Proche d’un état second qu’il n’avait jusqu’à lors jamais connu, il porta la main à ses lèvres et sa langue alla récolter les quelques gouttes de sang perlant aux coins de la plaie. Jamais il n’avait goûté un sang possédant un tel goût, d’ailleurs il étouffa un gémissement de contentement en refermant ses lèvres sur la blessure. Mais ce ne fut pas suffisant pour le vampire qui venait de découvrir un nectar dont la soif ne se tarirait certainement jamais. Il serra la taille de sa condisciple d’un de ses bras, la ramenant contre lui et sa main jusqu’à lors occupée à lui emprisonner le poignet, alla prendre ses cheveux pour l’obliger à pencher la tête et ainsi lui offrir sa gorge. Même dans cet état second que des tremblements trahissaient, Matthew ne fut pas rude ni violent avec Nicky, comme si il savait toujours qu’il avait à faire à elle, bien que l’envie de son sang ne lui ait fait oublier. Ses lèvres se posèrent sur son cou et il pu sentir sous elle, sa jugulaire palpiter, comme si elle l’invitait. Sa bouche s’ouvrit et ses canines effleurèrent la peau qu’elles étaient sur le point de transpercer. Mais aussi fébrile et excité qu’il était à l’idée de boire à grandes gorgées ce sang, l’hésitation vint entraver ses mouvements. Qu’était-il entrain de faire ? Certes ce sang était tout simplement exquis mais il s’agissait de Nicky ! Il du se faire violence pour s’arracher de cette gorge qu’il avait réussi à ne pas abîmer. Haletant, il relâcha la chevelure de la brune, mais son autre bras la garda fermement contre lui.

    Il luttait encore contre sa nature lorsque ses yeux croisèrent les siens. Il les détourna pourtant, comme un gamin prit en faute et honteux. « Il ne faut pas… Je ne peux pas… Tu n’es pas une vulgaire humaine. » souffla-t-il d’une voix douloureuse qu’il ne se connaissait pas. Ses quelques paroles lui étaient d’ailleurs destinées à lui plus qu’à Nicky. Il tentait de se convaincre de ne pas planter ses crocs dans sa chair. Il ne pouvait pas le faire, il ne pourrait pas se supporter après ça. Elle n’était pas qu’une humaine ou simplement de la nourriture. La mordre serait tellement irrespectueux ! Elle valait bien plus que cela ! Mais son sang était devenu une tentation terrible pour lui. Jamais il n’avait connu de fragrance le tentant autant que la sienne. Il devait trouver une solution à cela. Il n’était pas qu’il puisse toujours se contrôler, déjà qu’il souffrait à l’instant présent. La solution était pourtant fort simple, et il blâma son intelligence de ne pas lui avoir soufflé avant. Et pourtant… Ses mains prirent de nouveau ses épaules en otages, et il plongea son regard perturbé dans le sien. « Il faut que je te retransforme Nicky ! Ce qui se passe… c’est contre nature ! Je ne sais même pas ce qu’en dirait le Conseil, je crains même leur opinion à ce sujet. On doit remettre les choses en ordre. Laisses moi m’en charger. » Il n’y avait pas que ce problème de sang… Nicky était un vampire, elle devait le rester ! D’ailleurs il ne doutait pas de son désir à redevenir l’être immortel qu’elle était, mais plutôt au fait que ce soit lui qui lui offre cette opportunité. Car dans ce cas, il serait comme son nouveau géniteur, et il n’était convaincu qu’elle l’accepte. C’était assez étrange de voir Matthew s’inquiéter du sort d’une autre personne, encore plus de le voir se proposer de transformer quelqu’un. Certes Nicky n’aurait pas toute une éducation à refaire puisqu’elle avait déjà été vampire, mais cela restait une grande responsabilité. Mais Matthew était prêt à la prendre. Déjà parce que son sang l’attirait bien trop et qu’il risquait un jour ou l’autre de la mordre et vu à quel point il avait perdu le contrôle de lui-même juste pour quelques gouttes, il craignait de la tuer en la vidant complètement de son sang si jamais il venait à craquer. Ensuite, elle valait bien plus que ces être misérables… elle faisait partie de l’élite, la voir ‘rétrogradé’ l’insupportait au plus haut point. Et enfin, il avait peur pour elle. Que dirait le Conseil s’il venait à découvrir une telle aberration ? Ne voteraient-ils pas l’exécution de Nicky pour ne prendre aucun risque ? Il les voyaient bien –et ce malgré toute l’affection qu’ils portaient à la brune- la condamner en pensant que ce mal disparaîtrait avec elle, et Matthew, tout aussi influent était-il, ne pourrait les en empêcher, sa seule voix n’ayant pas assez de poids contre tous les autres membres. Et laisser Nicky être sacrifiée, même pour le bien de la communauté, il ne pouvait le tolérer.



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MessageSujet: Re: Le goût de l'interdit [Nicky]   Le goût de l'interdit [Nicky] EmptySam 24 Oct - 16:35


Une fois de plus, il lui avait prouvé à quel point elle était stupide et naïve. Elle avait beau redoubler d’efforts pour qu’il la voit autrement que comme une enfant gâtée et belliqueuse, c‘était cause perdue. Depuis leur rencontre, il l’avait cataloguée et il ne semblait pas possible qu’il change d’avis. Nicky laissa échapper un grognement rageur. Il avait le don de la mettre hors d’elle. Pourquoi était-il si déférent et méprisant avec elle? Certes, elle avait tendance à le titiller et, parfois même, à lui mettre des bâtons dans les roues, mais était-ce une raison pour la traiter ainsi? Même son petit numéro d’humaine éplorée n’était pas parvenu à le dérider. Pourtant, l’espace d’un instant, elle s’était attendue à voir le visage de Matthew se figer à cette vision, mais il ne s’était pas laissé aller à l’apitoiement. Ses traits durs et fermes n’avaient pas fléchis. Puis, lorsqu’elle lui avait fait part de sa déception, il avait eu ce détestable petit haussement d’épaule nonchalant mais pas un mot n’avait franchi la barrière de sa bouche. Nicky devait se faire une raison. Ce qu’elle pouvait ressentir lui était complètement égal. Qu’elle soit déçue par son comportement ou même qu’elle le haïsse, tout ça ne lui faisait ni chaud ni froid… Un vampire. Un glacial et suffisant vampire, voilà ce à quoi elle avait eu affaire. Lorsqu’elle était des siens, il avait réussit à lui jeter la poudre aux yeux. Parfois, elle avait même eu l’impression qu’un lien très particulier les unissait. Mais elle s’apercevait désormais à quel point elle s’était trompée.
En même temps qu’elle pouvait affirmer ne plus être vampire, elle comprenait qu’elle n’était rien pour lui.

D’un geste rageur, elle essuya la trace de ses larmes. Comment avait-elle put être touchée par les paroles odieuses du vampire? Il ne méritait pas qu’elle pleure à cause de lui. Sans y prendre garde, elle s’était arrêtée en même temps qu’elle avait voulu essuyer de son visage toute trace de tristesse. Sa main et son poignet la picotaient légèrement, mais ses pensées demeuraient bien plus douloureuses. Pourtant, elle aurait dû y faire plus attention car, bientôt, Matthew se trouva à nouveau devant elle. Transfiguré par la soif, Nicky ne comprit que trop bien ce qui lui arrivait, malheureusement trop tard. Figée par une crainte qu’elle avait honte de ressentir, elle ne repoussa pas le vampire lorsqu’il lui saisit le poignet. Nicky l’observa avec horreur lorsqu’il recueillit le sang qui dégoutait de sa blessure. Elle craignait, non, elle savait qu’il ne s’arrêterait pas là. En écho à sa crainte, il enserra sa taille et, d’un geste, la rapprocha de lui. Il lui lâcha ensuite le poignet et, de sa main nouvellement libre, il la força à lui présenter sa gorge. Nicky avala sa salive avec grande peine. Son rythme cardiaque s’était accéléré et elle ne doutait pas que cela tenterait davantage le vampire. Lorsqu’il posa ses lèvres sur son cou, elle aurait dû profiter de sa lenteur pour le repousser et sauver sa peau. Mais elle n’était pas une humaine ordinaire. Son état perdu de vampire lui permettait d’en connaître un rayon à leur sujet. Si, aussi étrange que cela paraisse, Matthew agissait avec précaution, il suffisait qu’elle se mette à réagir et à se débattre pour qu’il devienne violent. Aussi attendait-elle sagement, qu’avec les crocs du vampire, la mort vienne la prendre. Les lèvres de Matthew s’entrouvrirent et Nicky sentit sur sa peau les canines de la bête. Alors que depuis un siècle, elle avait toujours été celle qui mord et boit le sang, elle se retrouvait aujourd’hui à la place de la victime. Une place que rares peuvent se venter d’avoir occupé plusieurs fois. Elle ressentait la peur que d’autres ressentaient d’ordinaire au contact de ses crocs. Mais il n’y avait pas que cela. A l’odeur de la peur se mêlait celle de son bourreau. Enivrante et délicieuse, elle venait titiller ses narines comme une effluve interdite. Pourquoi cette sensation d’interdit dans la fragrance de celui qui s’apprêtait à se repaître de son sang? Elle n’aurait sut l’expliquer, et pourtant cela lui donnait l’irrépressible envie de renverser le rapport de force entre eux pour pouvoir se jeter à son tour corps et âme sur le vampire. Mais elle n’eut pas à le faire. Haletant, il se détacha de sa gorge et relâcha ses cheveux. Nicky observa cependant qu’il ne se détacha pas d’elle. La surprise que lui inspirait ce soudain revirement de situation ne l’empêcha pas de prendre conscience de ce que cela avait dû coûter à Matthew. S’il luttait contre la tentation, pourquoi ne pas la relâcher complètement et s’éloigner d’elle au maximum? A moins que là ne soit pas le problème. Peut-être s’était-il détourner de sa jugulaire et de son sang simplement parce qu’il n’était pas à son goût. Nicky ne réussit pas à en être étonnée. Elle ne l’intéressait pas plus en tant que personne qu’en tant que victime. La rage obscurcissait son regard lorsqu’elle croisa celui de Matthew. Il le détourna cependant bien vite, comme s’il n’osait pas la regarder. Comment devait-elle interpréter cela?

« Il ne faut pas… Je ne peux pas… Tu n’es pas une vulgaire humaine. » Le ton de sa voix ne laissait pas de place au doute. Ne pas la mordre avait été une épreuve difficile, tout autant que son aveux. Perdue, Nicky ne parvint pas à conserver un regard irascible. Elle observa les traits de Matthew et, plus elle s’approchait de ce qu’il pouvait ressentir, plus son regard s’adoucissait. Il avait beau le nier, elle représentait tout de même quelque chose pour lui. Elle ne savait pas quoi, mais toujours était-il que cela l’empêchait de goûter plus surement à son sang. Elle aurait sans doute dû s’en retrouver touchée. Au lieu de cela, elle se demandait si Matthew ne jouait pas une fois de plus avec ses nerfs. Si tel était le cas, ça en devenait ridicule.

Brusquement, il lâcha sa taille pour venir emprisonner ses épaules. Il planta alors un regard bien étrange dans celui, troublé, de Nicky. « Il faut que je te retransforme Nicky ! Ce qui se passe… c’est contre nature ! Je ne sais même pas ce qu’en dirait le Conseil, je crains même leur opinion à ce sujet. On doit remettre les choses en ordre. Laisses moi m’en charger. » Passé un instant de surprise, Nicky ne put s’empêcher de lui rire au nez. Et cela ne prouvait pas qu’elle trouvait sa blague de mauvais goût amusante! Au contraire, d’ailleurs son rire se mut rapidement en un grognement réprobateur. A quoi jouait-il à la fin? Il devait vraiment arrêter de se payer sa tête! D’un geste coordonné de ses avant-bras, elle libéra ses épaules de l’emprise agaçante de Matthew. Puis elle riva sur lui un regard sévère. « Mais à quoi tu joues ?! » Sa question était parfaitement rhétorique, elle n’attendait pas qu’il lui réponde mais souhaitait seulement que le pathétique de la situation lui saute aux yeux. « Depuis quand mon sort t’importe t’il? … De tous les membres du Conseil, tu es certainement le dernier auquel j’irais demander de l’aide. » Bien sûr, elle mentait. Malgré leurs chamailleries et les piques qu’ils ne cessaient de s’envoyer, Nicky avait toujours estimé qu’un lien spécial les unissait. Et si elle l’avait remis en cause quelques minutes plus tôt, son existence lui semblait désormais acquise.

S’éloignant à distance raisonnable du vampire, elle lui coula un regard soupçonneux. « Il y a encore deux minutes, tu n’avais qu’une envie: me vider de mon sang; et maintenant tu voudrais m’aider ? … Allons, un peu de sérieux. Qu’est-ce qui me dit que tu n’iras pas, toi-même, divulguer ma situation aux autres membres du conseil ? » Elle recula d’un pas supplémentaire. Emettre tout haut cette hypothèse à laquelle elle s’en voulait d’avoir songé, ne faisait que la rendre plus redoutable. Et si, effectivement, Matthew en venait à faire son rapport aux autres membres du Conseil? Nicky avait beau s’accrocher à l’existence d’un lien spécial entre eux, elle ne pouvait que douter. Le vampire n’avait-il pas enchaîné les méchancetés depuis qu’il lui était tombé dessus? Et que dire du fait qu’il ait voulu la mordre? … D’ailleurs il le cherchait toujours en émettant le souhait de la transformer. Quelle idée absurde. Qu’elle puisse être redevenue humaine cachait quelque chose. Elle pouvait comprendre que Matthew trouve cette situation contre nature, mais Nicky préférait la comprendre avant d’aller plus loin. Une petite parcelle d’elle-même se satisfaisait d’ailleurs très bien de cet état de fait, bien qu’elle ne l’avouerait jamais. Après tout, ne redevenait-elle pas vivante? Sentir un cœur battre dans sa poitrine avait quelque chose de formidablement grisant. Mais ce cœur ne semblait pas encore suffisamment fort. Et elle se sentit brusquement fébrile. Une vague de malaise la submergea et elle pâlit brusquement. Perdant légèrement l’équilibre, elle se ressaisit néanmoins et se massa la tempe gauche. Sa tête lui semblait sur le point d’éclater, son corps oscillait entre des chauds froids désagréables et ses joues lui paraissaient en feu. Même si ce léger malaise n’avait pas dû échapper à Matthew, Nicky tenta de reprendre contenance.

Le regard vague, elle s’éclaircit la gorge, mais ce fut d’une voix lasse qu’elle s’exprima. « Je n’estime pas avoir besoin de quiconque pour me retransformer. Tu trouves cette situation contre nature, mais les choses finiront forcément par rentrer dans l’ordre. Quelque chose cloche et je compte bien découvrir de quoi il s’agit. En attendant, je n’ai vraiment pas besoin de toi! » Aussitôt dit et aussitôt à retirer. Prise d’un nouveau malaise, bien plus brusque et virulent, Nicky revint inconsciemment auprès de Matthew. Incertaine, elle agrippa son bras et s’y accrocha comme à une bouée. Mais cela n’empêcha pas une nouvelle vague de chaleur de l’envahir, lui faisant cette fois complètement perdre pied. Sa vue se brouilla et elle serra nerveusement le bras du vampire en sentant la maîtrise de son corps lui échapper.
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Matthew Callaghan

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MessageSujet: Re: Le goût de l'interdit [Nicky]   Le goût de l'interdit [Nicky] EmptySam 24 Oct - 22:51




    C’était trop… difficile. Son sang était d’une telle tentation. Si appétissant. Et maintenant qu’il y avait goûté, il ne savait pas si il arriverait à s’en passer, à résister à l’envie d’en boire. Son sang… c’était son nectar. Tout sang étaient bon à boire pour les vampires. Certains sont meilleurs que d’autres, les goûts différents également. Mais il avait de ces sangs… des pures merveilles pour les papilles des immortelles. Toutes différentes, il n’y avait qu’un pour convenir à un unique vampire. Trouver son nectar relevé du fantasme. Plus personne ne s’évertuait à le trouver. D’ailleurs, certains pensaient qu’il s’agissait simplement que d’une légende. Qu’aucun sang ne pouvait être si tentant, si délicieux que le vampire ne pourrait se contrôler, ne pourrait s’en passer et ce peut importe son âge ou son expérience. C’était impensable et stupide. Matthew faisait parti de ceux-là. Il pensait que ceux témoignant avoir trouvé un sang leur faisant perdre la tête n’étaient que des faibles. Des vampires sans volonté, des idiots étant simplement tombés sur un sang un peu plus délicat que les autres. Mais à présent… à présent qu’il avait goûté le sang de Nicky, il savait combien il avait eu tort. Il sentait encore à quel point ses canines l’avaient démangé. A quel point la tentation avait été forte. Mais il n’y avait pas que cela de difficile dans cette étrange situation. Le fait que Nicky soit en train de redevenir une… humaine. C’était tout simplement… contre nature. Voilà pourquoi il tenait à la retransformer ! D’autant plus qu’il se refusait à la traiter comme les autres humains. Elle faisait partie de l’élite et le resterait. Inutile de dire également qu’il serait prêt à s’opposer contre le Conseil en entier. Quitte à devoir désobéir, il le ferait si on venait à découvrir ce qui se passait et qu’elle se retrouvait en danger. Cela ne lui ressemblait pourtant pas. Il était tellement égoïste. Il le savait et s’en fichait. Il ne pensait qu’à lui et ça lui convenait très bien ainsi. Mais elle, elle le poussait à se montrer tout autre, sans qu’il n’y puisse quoi que ce soit. Et même dans le cas contraire, aurait-il réagit différemment ? Non, car la protéger était sa priorité. Elle comptait tellement. Trop peut être. Plus que celle l’ayant infanté. La seule qu’il eu aimé, alors que ses sentiments étaient encore ceux d’un humain. De sa vie de vampire, jamais il n’avait voulu prendre soin de quelqu’un. Mais elle…

    Son rire lui fait l’effet d’une gifle. Depuis toujours, Nicky cherchait son attention et il lui faisait croire qu’il la lui refusait. Et là qu’il lui prouvait qu’elle n’était pas comme tous les autres à ses yeux, elle se moquait de lui. Sale gamine irrespectueuse ! « Depuis quand mon sort t’importe t’il? … De tous les membres du Conseil, tu es certainement le dernier auquel j’irais demander de l’aide. » La tristesse et la déception passèrent sur le visage de Matthew. Il luttait tellement contre lui-même pour pas lui sauter dessus et la vider de son sang, qu’il ne pensait plus à garder son visage stoïque et ses répliques cinglantes. Comment osait-elle ? Qu’elle puisse doutait de son inquiétude, cela pouvait encore passer vu le peu d’intérêt qu’il lui avait ouvertement porté depuis près d’un siècle. Mais qu’elle lui avoue ne pas avoir confiance en lui… car il s’agissait bien de cela n’est-ce pas ? Du moins, elle en préférait d’autres à lui. Au point de refuser son aide alors qu’il lui proposait ici et maintenant. Il payait le prix de ses méchancetés, voilà ce qu’il pensait. Pourtant il ne jugeait pas les mériter.
    Il la regarda s’éloigner sans broncher, c’était certainement mieux comme cela. La tentation serait moins rude à contrer. « Il y a encore deux minutes, tu n’avais qu’une envie: me vider de mon sang; et maintenant tu voudrais m’aider ? … Allons, un peu de sérieux. Qu’est-ce qui me dit que tu n’iras pas, toi-même, divulguer ma situation aux autres membres du conseil ? » Cette fois, elle le blessa bien plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Jamais il ne l’aurait dénoncé. Le voyait-elle à ce point comme un monstre ? Certes si cela était arrivé un n’importe quel autre vampire, Matthew se serait empressé d’aller en parler au Conseil et aurait même été celui qui aurait proposé la condamnation afin de s’assurer une quelconque protection. Mais là, il s’agissait d’elle ! La donne n’était plus la même, loin de là même. Il pensait que tout de même, elle l’aurait comprit. Que malgré tout, elle aurait pu croire en lui et en ce lien les unissant. Certes ce n’était pas la plus belles des amitiés. Cela n’en avait même pas l’air. Mais il aimait ce lien entre eux. Il fallait croire que la belle ne partageait pas son avis et ne le voyait pas comme il la voyait elle. Et n’était pas injuste également ? Lui balancer au visage qu’il voulait la vider de son sang… et remettre ainsi en cause sa volonté à l’aider. C’était cruel. Ne s’était-il pas contrôlé ? Ne s’était-il pas au prix d’un effort monstrueux, arraché de son gorge si tentante.

    La colère prit rapidement le dessus sur les autres sentiments qu’elle l’obligeait à ressentir. Comment osait-elle ?! Cette sale gamine irrespectueuse et ingrate ! Il se montrait gentil, clément et c’était ainsi qu’elle le remerciait ?! Elle ne méritait pas qu’il s’inquiète, elle ne méritait même pas qu’il puisse poser les yeux sur elle ! Les fièvres de la colère échauffaient son corps et son esprit, tant qu’il n’était plus cohérent et en oublié tous ses bons sentiments. Pourquoi la protéger si elle ne voulait pas de son aide ? Pourquoi souffrir en se privant de son sang, si elle le considérait comme un moins que rien ?! Son regard s’assombrit soudainement. Il allait la mordre, il allait céder à la tentation et advienne que pourra ! Tant pis pour elle ! Ce qui lui arriverait ne le concernait plus, plus maintenant. Son désir l’aveuglé, mais plus que précédemment car la colère s’y mêlait. Il était prêt à lui sauter sauvagement dessus, mais quelque chose l’en empêcha au dernier moment. Il la vit perdre ses couleurs… cette réactions aurait pu être déclenchée par la peur si elle avait comprit ses intentions, mais il n’en était rien. Il avait pu le voir en constatant son déséquilibre. Cependant, elle se reprit bien vite et cela sembla passer. Matthew fronça les sourcils. La colère s’était atténuée, avec elle, l’envie de la mordre s’était un peu éloignée, il se souciait à nouveau d’elle, de sa santé. « Je n’estime pas avoir besoin de quiconque pour me retransformer. Tu trouves cette situation contre nature, mais les choses finiront forcément par rentrer dans l’ordre. Quelque chose cloche et je compte bien découvrir de quoi il s’agit. En attendant, je n’ai vraiment pas besoin de toi! » Cette fois, il ne fut pas blessé par ses propos car il les savait mensongers. Et même s’ils étaient vrais, il se voilerait la face ! Ou n’en ferait qu’à sa tête, comme toujours. Voir même les deux. Il ne put empêcher un sourire sarcastique d’étirer ses lèvres alors qu’elle agissait en parfait contraire de ses paroles. Mais le sourire ne prit guère ses aises sur le visage du vampire. Bien vite, l’inquiétude revint faire surface en voyant Nicky ainsi prise à un malaise. Les vampires n’étant jamais malade, Matthew se sentit vite dépassé.

    Pourtant, il ne mit pas bien longtemps à réagir. Maudissant le corps fragile des humains, il l’obligea à passer ses bras autour de son cou et porta le brune jusqu’à un banc, non loin. Il l’y déposa doucement et attrapa son visage entre ses mains afin de scruter ses traits, les siens restant lisses bien que son regard ne puisse cacher à quel point il se sentait désemparé. « Ne bouge pas. » Ordonna-t-il un peu abrupte. Il s’en retourna et alla à une petite fontaine non loin pour y mouiller son mouchoir. Elle ne s’attarda pas, retournant auprès de Nicky le plus rapidement possible. Il passa le mouchoir sur son visage, ne sachant absolument pas ce qu’il faisait, et encore moins si cela changerait réellement quelque chose. Il prit place finalement à ses côtés et l’obligea à venir se reposer sur son épaule. Il se sentait… mal à l’aise. Il n’avait pas l’habitude de tout ça et ça l’agaçait au plus haut point. Il laissa le silence flotter quelque peu, cherchant ses mots, se cherchant lui-même… Et finalement, il soupira, las. Il reprit le visage de la belle entre ses mains et plongea son regard dans le sien, ce qui était inutile car il la savait déterminée de toute façon. Car il voulait réitérer sa proposition, lui offrir de la transformer à nouveau. Elle ne pouvait se contenter de ça ! encore moins si elle devait en souffrir. Mais Nicky était forte, plus forte qu’il voulait bien l’admettre. Mais surtout, elle était déterminée. Il soupira de nouveau, vaincu. « Très bien, on fera comme tu l’as choisi Nicky… » Capituler… se n’était pas dans son genre à lui non plus, mais là il ne pouvait rien faire d’autre. Pourtant, il se jura de trouver une solution. Car elle ne resterait pas comme ça, non. Et tant que se sera le cas, il l’a protégerait envers et contre tous.

    Il retira ses mains du doux visage de la brune pour les porter à son propre cou. Là, il défit le fermoir d’une chaîne dissimulée par le col de sa chemise. Il regarda le collier dans sa main avant de le passer autour du cou de Nicky. Se faisant, il souffla : « Pour que tu n’oublie pas d’où tu viens, ni qui tu es. » Et pour qu’elle pense à lui aussi, car il savait qu’ils auraient des difficultés à se voir à présent, maintenant qu’elle désertait le Manoir. L’importance de ce geste, il ne fut pas sûr qu’elle le mesura. Mais ce collier, bien mystérieux aux yeux des autres, Matthew y tenait plus qu’à sa propre vie d’immortel. Il le tenait de sa mère et jamais il n’avait quitté son cou. Il se sentit d’ailleurs étrangement nu sans lui. Mais il tenait à ce que Nicky le porte. Bizarrement, il ne se sentit jamais plus éloigné d’elle qu’à cet instant. Il avait l’impression de lui faire ses adieux ainsi, ce qui était absurde. Mais ce malaise se répandait dans tout son être, et c’était… douloureux. Il se laissa alors guidé par son instinct, non, par ses sentiments, chose qu’il n’avait jamais fait en trois siècles. Il se rapprocha d’elle et posa ses lèvres glaciales sur celles tièdes de Nicky. Ce qui aurait pu n’être qu’un simple effleurement se mû presque aussitôt en un baiser passionné dans lequel, plusieurs sentiments se débattaient.




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MessageSujet: Re: Le goût de l'interdit [Nicky]   Le goût de l'interdit [Nicky] EmptyDim 25 Oct - 21:57


Que son comportement ou ses paroles puissent le blesser n’entrait pas en ligne de compte. D’ailleurs, était-il seulement capable de ressentir de la peine? Toujours sérieux, implacable, moqueur; elle ne l’avait jamais vu se parer d’autres espèces d’émotions… jusqu’à ce soir. Son inquiétude n’avait pas paru feinte. Mais par réflexe, Nicky avait interprété cela de la seule façon qu’il était possible de le faire concernant le vampire. Après tout, reconnaître qu’il était réellement inquiet paraissait risible. N’être qu’une novice parmi les vampires ne faisait pas d’elle une personne naïve. Alors, inconsciemment, elle repoussait l’idée qu’il puisse s’inquiéter sincèrement pour elle. Car s’il y avait bien une chose qu’elle trouvait pathétique, c’était les faux espoirs. Jamais elle ne se laisserait guider par eux. Ni en ce jour, ni à l’avenir. Aussi copia-t-elle son aîné en se faisant implacable.

Malheureusement pour elle, son corps vint à la trahir. Devait-elle reconnaître là la faiblesse d’un corps vivant? Elle ne pensait pas pourtant l’avoir particulièrement mis à contribution. Depuis que sa nature de vampire s’était mise à la quitter, elle n’avait pas contraint son organisme à trop de rigueurs. Ou du moins n’en avait-elle pas pris conscience. S’agissait-il du résultat de l’accumulation irréfléchie d’efforts qui lui paraissaient jusque lors naturels? Maudissant la faiblesse de son corps, elle s’accrocha désespérément à Matthew. Après ce qu’elle lui avait jeté au visage, elle n’aurait pas put lui en vouloir s’il avait préféré la laisser se débrouiller seule. Agissant ainsi, il aurait été égal au vampire qu’il avait toujours été. Comme Nicky l’avait fait en rétorquant à sa déférence par des paroles acerbes, il aurait put répondre aussi âprement en l’abandonnant à son sort. S’ils avaient été amenés à se croiser à nouveau par la suite, leur jeu devenu haine et colère, ils se seraient perdus dans un interminable cercle vicieux.

Mais au lieux de ça, Matthew s’était spontanément porté à son secours. L’amenant à passer ses bras autour de son cou, il la souleva comme un fétu de paille. Fébrile, elle se sentit alors ridiculement chétive, portée par ses bras puissants. Il la déposa sur un banc et elle laissa échapper un soupir fatigué. Une vague de malaise menaçant à nouveau de la submerger, elle devait redoubler d’efforts pour la contenir. Tout cela la fatiguait cruellement, d’autant que les barrières de son organisme risquaient fort de la laisser tomber. Saisissant son visage entre ses doigts, Matthew lui intima de ne pas bouger. Lorsqu’il s’éloigna, Nicky ressentit un brusque sentiment de détresse. Des picotements se propageaient dans tous son corps tandis que des étoiles dansaient devant ses yeux. Par chance, le vampire revint vite et lui appliqua doucement un mouchoir humide sur le visage. Cela fit rapidement effet, repoussant légèrement le malaise qui l’habitait. Mais le meilleur remède fut certainement de sentir Matthew s’inquiéter pour elle et se plier en quatre pour diminuer sa souffrance. S’asseyant à côté d’elle, il l’incita à se laisser aller contre son épaule. Nicky ne put que lui en être reconnaissante. Le soupire las de Matthew fit admirablement bien écho aux sentiments de la jeune femme. Cette dernière se permit d’ailleurs de fermer un instant les yeux. Ainsi, protégée par la présence rassurante du vampire, elle aurait put s’endormir sans peine. Mais elle s’intima l’exigence de demeurée éveillée. Malgré la faiblesse qui la caractérisait, elle s’accommodait très bien de la situation. Elle se sentait enfin libérée de son rôle de gamine capricieuse et agitée. Si elle le souhaitait, elle aurait put se resserrer davantage contre Matthew, cela aurait été à mettre sur le compte de la fatigue et aurait semblé parfaitement commode.

Mais le vampire ne semblait pas se complaire dans cette inaction. Il saisit à nouveau le visage de Nicky et capta son regard. Elle craignait qu’il ne revienne sur le précédent sujet qu’ils avaient abordé, aussi, repoussant la fatigue, elle durcit ses traits comme pour lui intimer d’y réfléchir à plusieurs fois avant d’émettre le moindre son. Un nouveau soupir de sa part lui apprit qu’il capitulait. Aussi humaine soit-elle, elle continuait à être capable de faire fléchir un vampire. A cette réflexion, un sourire ravi illumina son visage.

« Très bien, on fera comme tu l’as choisi Nicky… » Elle n’en attendait pas moins. A bien des aspects, cette déclaration lui mit du baume au cœur. Le simple fait que Matthew lui donne enfin son aval pour agir tel qu’elle le désirait était en soit une victoire. Sans doute avait-il enfin compris qu’une relation saine ne pouvait pas avancer dans une constante contradiction de l’autre. D’ailleurs, son ton lui paraissait plus paisible que contraint. Mais ce qui la toucha sans doute le plus, ce fut le « on » qu’il employa. Elle avait beau ne cesser de répéter qu’elle s’en sortirait seule, qu’elle n’avait besoin de personne et certainement pas de lui, elle aimait à savoir Matthew à ses côtés dans cette épreuve. Bien sûr, cette soirée ne durerait pas éternellement. Le moment viendrait de faire leurs adieux et ils ne se croiseraient sans doute plus de sitôt. Mais elle pouvait désormais être certaine qu’il serait là pour elle si le besoin s’en faisait ressentir. C’était une sensation agréable, presque grisante. Tout en étant indépendante, elle savait qu’elle aurait un pilier sur lequel s’appuyer. Aussi rendit-elle un regard tendre au vampire, qui n’était finalement pas le monstre qu’elle s‘imaginait.

D’ailleurs, il eut bientôt un comportement bien loin d’être monstrueux. Portant les mains à son cou, il en détacha un collier qu’il observa quelques instants, avant de le passer autour du cou de Nicky et de le refermer sur sa nuque. « Pour que tu n’oublie pas d’où tu viens, ni qui tu es. » Elle posa ses doigts sur la chaine, qui pendait désormais à son cou. N’ayant pas le même gabarit que Matthew, le collier paraissait bien plus lâche portée par elle. Relevant un regard hésitant vers le vampire, elle se demanda si elle méritait le don qu’il venait de lui faire. Pour elle, il s’agissait du collier de Matthew, mais elle doutait que cela ne soit que ça pour lui. Sans doute avait-il une valeur sentimentale, aussi étrange que cela puisse sembler venant de lui. « Je n’oublierais jamais ça … » Malgré la fatigue qui la tenait toujours, son ton était clair et son regard sans appel. Pourtant cela changea bientôt lorsqu’elle vit Matthew se pencher vers elle. Se fut presque au ralenti et avec une étrange appréhension qu’elle vit les lèvres du vampire s’approcher dangereusement des siennes. Puis elle sentit leur caresse froide sur sa bouche. Malgré la fraicheur du contact, elle sentit son cœur s’enflammer. Elle ne s’était pourtant pas attendue à ressentir cela en présence de Matthew, pour lui qui plus est. Tout comme son initiative l’avait surprise. Qu’il puisse ressentir le besoin de la mordre, de boire son sang, cela entrait dans la marge de son entendement; mais qu’il l’embrasse … là, elle n’y comprenait plus rien. Si elle devait qualifier Matthew en terme de congénère, elle aurait plutôt tendance à le considérer comme un frère, qu’elle aime et qu’elle déteste tout à la fois. N’était-ce pas répugnant d’échanger un baiser avec son frère?

Et pourtant, le baiser prenant bien vite de l’ampleur, Nicky ne réussit pas à la trouver répugnant. Tout un tas de termes se bousculaient dans son esprit pour le qualifier, mais aucun ne s’approchait un tant soit peu du dégout. Que lui arrivait-il? Enfin, c’était Matthew! Se donnant un petit coup de fouet, elle essaya tant bien que mal de mettre fin au baiser qu’ils échangeaient. Mais c’était trop dur. Sa conscience lui disait de stopper là les frais, car Matthew était réellement la dernière personne avec qui il fallait jouer à ça. Mais, contre toute attente, son cœur lui intima de passer outre sa raison. Qu’importe qui était le vampire pour elle, avant ce baiser, leur lien serait irrémédiablement modifié désormais. Et Nicky ne parvenait pas à en être peinée. Au contraire, puisqu’elle participait désormais avec enthousiasme à l’échange langoureux qu’ils partageaient. Modifiant son assise, elle fléchit une jambe sur laquelle elle s’assit, pour se tourner plus parfaitement vers Matthew. Dans un même mouvement, et sans couper court au baiser, elle posa ses mains côtes à côtes sur la poitrine du vampire. Malgré le tissu qui séparait leur deux peaux, elle sentait les muscles puissants de son torse. Celui lui valut un petit frisson d’excitation. Le réprimer ne fut pas une mince à faire, à tel point la scène qui se jouait désormais lui paraissait évidente. Il lui fallu énormément de volonté pour se détacher, pas à pas, des lèvres bienfaitrices du vampire. Toujours appuyée contre son torse, elle leva vers lui un regard nouveau. Comment avait-elle put ne jamais le voir avec ces yeux là? Evident … c’était le mot. Détachant sa main droite du buste de Matthew, elle vint la poser sur sa joue, puis la fit glisser jusqu’à son menton, en laissant son pouce s’attarder sur ses lèvres.

Puis, les yeux perdus dans les prunelles du vampire, elle reprit la phrase qu‘elle avait laissé en suspens avant d‘être interrompue. « Je ne t’oublierais jamais, si c’est ce que tu crains. » Dégageant son pouce des lèvres de Matthew, elle l’embrassa simplement avant d’éloigner à nouveau son visage du sien. « En retour, j’espère que tu continueras à penser à moi, où que je sois et peu importe ce que je suis. » Même si sa voix restait faible, elle était ça et là parcourue d’accentuation dénotant la détermination de Nicky à voir son espoir prendre forme. Retirant sa main gauche du torse de Matthew, elle enleva dans un même geste sa main droite de sa joue, pour les porter l’une vers l’autre. Là, elle se délesta de la chevalière qui ceignait son majeur gauche. Il s’agissait d’un bien très précieux à ses yeux, et aucun vampire n’avait mérité d’en connaître l’histoire. Matthew le méritait sans doute, mais elle estimait qu’il n’avait pas à la connaître. Attrapant le poignet du vampire, elle l’attira vers elle et lui intima d’ouvrir sa main. Là, elle déposa la bague avant de refermer le poing de l’homme. Tenant toujours son poignet et sa main contre elle, elle souffla: « Garde là précieusement. Si un jour j’oublie mes origines, n’hésite pas à me la présenter … Je saurais me rappeler à qui va mon allégeance, et vers qui penche mon cœur. » Elle se garda d’en dire plus. Le fait apparaissait que cette bague devait avoir trait à ses origines et à ses inclinations. Elle espérait qu’il ne cherche pas à en savoir davantage, auquel cas elle devrait l’éconduire sans délicatesse. Elle relâcha finalement sa main et son poignet, qu’il fasse ce qui lui plaise de son présent.

Un sourire cajoleur aux lèvres, elle considéra Matthew d’un regard à la fois tendre et taquin. « On dirait que tu vas enfin ne plus m’avoir sur les bras! » Mieux valait en rire qu’en pleurer, du moins était-ce ainsi que Nicky préférait le voir. Les humains étaient peut-être faibles, elle non. A partir de maintenant, elle se débrouillerait seule. Elle devrait apprendre à composer selon de nouvelles données, tout recommencer à zéro, une nouvelle fois. Combien de nouveau départ devrait-elle encore prendre? D’autant, que lorsqu’il avait s’agit de démarrer sa vie vampirique, il y avait eu du monde pour l’épauler. Il y avait eu Matthew. Il serait, certes, toujours là pour elle, mais ce ne serait plus jamais pareil. Aucun retour en arrière ne paraissait possible. Et Nicky avait beau se retrouver un peu perdue, elle ne parvenait pas à le regretter. Son aîné lui manquerait, assurément, mais elle devrait faire avec. Elle lui en voulait presque de l’avoir embrassé … Que lui avait-il pris? D’un côté, il lui faisait ses adieux et, de l’autre, il la maintenait un peu plus surement attachée à lui.

Sans un mot de plus, elle se leva du banc et se tourna vers le vampire. Avec désinvolture, elle lui ébouriffa les cheveux et, amusée, elle continua sur sa lancée. « Qu’est-ce que tu vas bien pouvoir faire sans moi! » Un rire narquois força la barrière de ses lèvres. En spectateur, Matthew pourrait facilement le trouver sincère, mais Nicky trouvait qu’il paraissait particulièrement faux. Elle avait beau rire, son cœur n’y était pas. « Fais attention à toi, je ne serais plus là pour surveiller tes arrières maintenant! » Elle se demandait elle-même comment elle pouvait jouer le jeu aussi aisément. Le vampire ne saurait jamais ce qu’elle ressentait. Elle aurait tellement souhaité lui dire ce que voulait son cœur, mais elle ne trouvait pas de mots capables de le traduire fidèlement. Déterminée à ne pas fléchir, elle détourna son regard de celui de Matthew. Il serait très difficile de paraître sincère si elle devait affronter plus longtemps les yeux du vampire. Comment lui affirmer qu’elle n’avait plus peur alors même que cela lui paraissait sonner faux? Pourtant, perdue dans la contemplation d’une brindille sur un arbre un peu plus loin, elle s’arma de tout son courage pour continuer. « Une nouvelle vie s’offre à moi. Souhaite moi bonne chance! » Le pire dans tous ça, son enthousiasme était à peine feint. Malheureusement, grossière erreur, elle croisa à nouveau le regard du vampire, qui la happa littéralement.

Ce fut sans réfléchir qu’elle se pencha en avant, saisissant son visage entre ses doigts fins, puis déposa un simple baiser sur ses lèvres. Il se mua cependant très vite en un échange plus langoureux et Nicky s’en serait férocement mordue les lèvres si elles n’avaient pas été déjà occupées à une affaire bien plus plaisante. Qu’elle semblait faible, en cet instant où toute sa force aurait dû être mise à contribution. Matthew avait une influence bien néfaste sur elle. Encore qu’il s’agissait là d’une influence néfaste particulièrement savoureuse.
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