Nicole 'Nicky' Jefferson _ Get the party started || u.c.

Nicole Jefferson

I. Identité

Nom, prénom(s) : Jefferson, Nicole
Age : 109 ans
Race : Vampire, hybride
Statut : Oisive
Métier : Aucun

II. Possessions

Objets divers :


Vestige de sa riche vie d’humaine, Nicky a conservé la chevalière qui lui avait été faite sur mesure et sur laquelle est gravée son initiale. Réalisée en or pur, la jeune fille aime à l’exhiber bien qu’elle entretient le secret sur la personne qui le lui a offerte et dans quelles conditions.
La garde-robe de Nicky fait partie de ses possessions les plus importantes. La vampire a beau ne plus grandir ni vieillir, elle ne se prive pas d’imposer de profonds changements à sa garde-robe à chaque nouvelle saison.
En parfaite victime de la mode, Nicky possède toujours le téléphone portable dernier cri. Elle voit en cet objet une révolution sans précédent, une merveille de technologie. La vampire ne se sépare jamais de son dernier téléphone; si vous ne parvenez donc pas à la joindre, c’est tout simplement qu’elle ne veut pas entendre parler de vous.

Arme(s) :


Nicky n’a pas l’arrogance de se penser suffisamment forte pour faire le poids face à un lycan ou face à un groupe d’humain relativement organisé. Aussi ne quitte t’elle jamais son joli poignard qu’elle a payé une fortune. Elle a rarement eu besoin de l’utiliser étant donné qu’elle fait constamment l’objet d’une surveillance à la limite du supportable. Elle aimerait bien qu’on lui laisse un peu l’occasion de prouver sa valeur.
Par commodité, Nicky aime avoir une bombe lacrymogène sur elle, simplement parce qu’elle adore voir ses assaillants pester contre elle en se frottant les yeux.

Véhicule(s) :


Nicky n'a pas les moyens, officiellement, de se payer un quelconque bolide. Elle a beau harceler Matthew afin qu'il lui achète la voiture de ses rêves, il se refuse à céder. Nicky doit donc se contenter de ses pieds, lorsqu'elle ne trouve pas d'âme charitable pour la déposer où elle souhaite se rendre.

Calice : William Hendersen

III. Caractère

Descriptif détaillé :



Nicole. Un nom simple à l’intonation douce, que ne semblent mériter que les femmes timides, introverties et calmes. M et Mme Jefferson souhaitaient sans doute faire de leur fille une personne raisonnable, docile et craintive. Malheureusement pour eux, cela n’aura pas eu l’effet escompté car leur fille démontra très vite un caractère bien différent de celui que l’on prête d’ordinaire aux Nicole. Ils auraient sans doute mieux fait de ne pas chercher, à dessein, un nom dont la signification pourrait tendre à faire de leur fille une enfant de chœur. Car, en vérité, Nicole est tout sauf la bonté incarnée.
Elle émit d’ailleurs très vite l’exigence de se faire appeler Nicky, ce diminutif lui semblant bien plus adapté à son caractère.

En tant qu’humaine, Nicky apparaissait déjà comme une jeune fille audacieuse, trop peut-être même, au point d’en devenir insouciante. Issue d’une famille bien lotie financièrement, Nicky développa bien vite le sens du caprice et de la malice que toute fillette pourrie gâtée se devait de posséder. Sans doute était-ce son milieu qui favorisa donc son inconstance et son imprudence. Rien ne fut jamais trop beau pour Mlle Jefferson; tout s’achetait, tout se tentait. Au nombre des qualités que son entourage lui reconnaissait sans faire d’histoire se trouvait en effet son optimisme à toutes épreuves. Aucun obstacle ne lui faisait jamais peur. La fougue de la jeunesse lui faisait voir comme possibles des entreprises qui pouvaient sembler extravagantes et folles à tout humain bien pensant. Nicky apparaissait, pour beaucoup, comme une jeune fille impatiente et révoltée qui ne semblait pas avoir d’autre but dans la vie que de profiter de chaque instant comme s’il s’agissait du dernier.

En cela, son état de vampire ne la métamorphosa pas. Contrairement à beaucoup, Nicky ne voyait pas son nouvel état d’immortelle comme un moyen inédit de croquer la vie à pleine dent, dans le sens où elle agissait déjà comme cela auparavant. Ce que lui apporta sa transformation, en revanche, ce fut des valeurs nouvelles comme la cruauté, la férocité et l‘intraitabilité. Nicky avait beau n’avoir jamais été un ange tombé du ciel en tant qu’humaine, le sadisme n’était pour autant pas au nombre de ses activités jusque là. De la peste pourri-gâtée qu’elle était, elle passa au cap supérieur avec sa transformation, devenant bien plus tendancieuse, tyrannique et espiègle. Pas foncièrement mauvaise, il s’agissait simplement d’un nouveau mode de comportement, plus bestial.

Si sa fourberie sévissait parfois parmi ses condisciples, elle gardait toute autre forme de malveillance pour les humains et les lycans exclusivement. En effet, Nicky faisait montre de deux visages bien différents, en fonction qu’elle ait affaire à l’un de ses pairs ou à un pathétique être sanguin. Le respect apparaissait bien évidemment comme la première explication de son comportement affable et plus réservé en présence des autres vampires, mais il ne saurait en être le seul facteur. A son arrivée parmi ceux qui deviendraient les siens, Nicky était plus perdue encore qu’une aiguille au milieu d’une botte de foin. Tous ses repères volaient en éclat et elle se trouvait subitement projetée au milieux d’une bande de mort-vivants qui n’arrivaient guère à lui inspirer confiance. Nicky apprit d’ailleurs très vite à se méfier de leurs sourires fins qui pouvaient très bien se révéler à double tranchants. Quoiqu’il en soit, ces vampires qui lui faisaient froid dans le dos l’épaulèrent et la considérèrent comme la petite dernière à choyer et protéger. La plupart ne le faisait que par mode ou par intérêt, mais certains y mettaient réellement toute leur bonne volonté. C’est alors qu’elle comprit quels étaient les vampires auxquels elle pouvait accorder sa confiance et ceux dont elle devait se méfier. Avec les années, Nicky apprit à leur servir les mêmes sourires faux et fourbes dont eux même la gratifiaient. Son inconscience s’émoussa pour laisser place à un sens de l’observation plus poussé. Tout en continuant à se parer de son déguisement d’éternelle enfant, Nicky apprit à décrypter les gestes à demi voilés de ses pairs afin de comprendre leurs réelles intentions. Force lui fut de constater qu’elle devint très forte au jeu des faux semblants. Ils étaient nombreux à penser la tromper lorsqu’ils étaient les seuls à se faire abuser et à n’y voir que du feux dans ses manières. Elle ne faisait bien sûr que forcer ses traits enfantins et audacieux, qui n’en demeuraient pas moins ancrés dans son caractère. Nicky aimait ça. Elle pouvait se jouer des plus anciens vampires en ne faisant que ce pour quoi elle était douée; l’idiote. D’autant que cela lui permettait de se montrer particulièrement insouciante, sortant presque toutes les nuits pour aller s’amuser dans les clubs les plus branchés de Chicago. Elle pouvait aussi laisser un cadavre derrière elle, ses pairs viendrait irrémédiablement faire le ménage derrière elle.
La vie délurée que menait Nicky lui apparaissait comme tout à fait enviable, parfaitement en accord avec son caractère.

La curiosité fait aussi partie des qualités, ou défauts selon les cas, de Nicky. Ainsi, bien que perdue les premiers temps de sa transformation, elle se montra très vite curieuse pour le monde dans lequel elle venait d’atterrir. Son audace et son inconscience peuvent aussi s’expliquer par la curiosité qu’elle a pour toute chose qui l’entoure. En tant que vampire, Nicky est sensée détester les lycans et elle y excelle particulièrement. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de nourrir une certaine curiosité à leur endroit, en ce qui concerne leur mode de vie et les sensations que doivent procurer une transformation en loup-garou.


Sa plus grande peur :



Impulsive, Nicky agit davantage qu’elle ne réfléchit. Et lorsqu’elle réfléchit, elle ne le fait que pour ce qu’elle estime être dans son intérêt. Ainsi, ses peurs ne font pas partie des choses sur lesquelles elle aime s’appesantir.
Certaines mauvaises langues diront que Nicky tient si peu en place qu’elle doit certainement craindre l’immobilisme. Ils ne sont pas bien loin de la vérité. Autant psychologiquement que physiquement, la vampire déteste stagner. Mais il ne s’agit pas tant d’une peur que d’un constant désir d’évolution.

La plus grande peur de Nicky trouve son origine dans son enfance dorée et pourtant si peu enviable. Toute petite déjà, ses parents ne s’occupaient que très peu d’elle, se contentant d’aligner les cadeaux en signe de leur affection. Aussi la petite fille qu’elle était alors se mit très vite à nourrir le rêve d’être aimée et de devenir indispensable. Humaine, elle faisait donc déjà tout afin d’attirer ceux qu’elle voulait dans ses filets et faire en sorte qu’ils ne puissent plus se passer d’elle. En tant que vampire, elle devint très vite redoutable à ce petit jeu. Protégée ultime de la communauté vampirique, Nicky s’imposa comme celle dont il était important, sinon judicieux, de s’attirer les faveurs. Et avec le principe du calice, elle trouva un bon moyen de rendre les humains dépendants d’elle. Car, en effet, Nicky craint par-dessous tout d’être délaissée. Sa plus grande peur serait donc bel et bien de perdre sa position de force vis-à-vis de ceux qu’elle estime être ses amis. Et avec sa transformation, il se pourrait bien que ses craintes prennent de l’ampleur.



Ce à quoi il tient le plus au monde :



En plus de cent ans d’existence, nombreux seraient ceux à s’être posés la question. Mais il n’est tout simplement pas dans le tempérament de Nicky de faire des introspections. Elle se contente de vivre l’instant présent sans se soucier de ce à quoi elle peut tenir le plus au monde ni à quel point sa perte pourrait la toucher. De prime abord, il serait simple et astucieux de penser que rien ne compte plus au yeux de Nicky que sa propre personne. Mais ce n’est pas tant sa vie et son confort qui comptent que son statut. Tout ce que possède la vampire et qui fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui a une importance capitale à ses yeux. Elle a beau se vanter de son audace et se mettre constamment en danger; son monde s’écroulerait si un seul de ses acquis venait à manquer. Ainsi, si elle perdait son adorable calice ou même cet enquiquineur de Matthew, le quotidien de Nicky ne s’en remettrait pas. Car elle a beau parader en femme fière et insubmersible, le changement est l’une de ses plus grandes craintes.

V. Post scriptum

Votre prénom / pseudo : Criquy
Votre âge : 18 ans
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Comment avez-vous découvert Magical Storm ? : Par hasard
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IV. Histoire

Le froid lui glaçait les entrailles. Son esprit semblait se scléroser tandis que le vent se faisait de plus en plus mordant. Quelle idée de quitter le confort et la chaleur de son appartement! Le riche triplex que la famille Jefferson possédait à Chicago aurait été en mesure de venir à bout de n‘importe quelle chute de température. Peu d‘habitations comprenaient un système de chauffage aussi performant et fiable. Les Jefferson aimaient à jouer les pionniers. Ils ne dérogeaient à ce principe sous aucun prétexte, prêt à débourser pour cela une bonne partie de leurs revenus princiers. Bénéficiant de la demeure la mieux équipée de la ville, Nicole aurait eu bien du mal à expliquer les véritables raisons qui l‘amenaient à se risquer dehors par ce temps cruellement hivernal. Bon point cependant, rares seraient les passants à s‘en inquiéter, occupés par leurs propres soucis qui les poussaient à s‘aventurer, tout autant qu’elle, dans le froid. Un corps inerte, sur le bord du trottoir, prouvait qu‘il ne faisait pas bon vivre dans la rue par un temps pareil. Nicole songea que le pauvre bougre n‘avait pas profité des même chances qu‘elle et marqua un instant d‘arrêt pour baisser les yeux sur la dépouille frigorifiée. Lorsqu‘elle estima s‘être suffisamment recueillie, elle resserra son manteau en prenant soin de remonter le col autant que possible puis repris sa route, la conscience tranquille. Elle n’avait après tout pas quitté la chaleur bienveillante de son foyer pour pleurer sur le sort d’un malheureux; ses parents donnaient chaque année assez d’argent aux pauvres pour que Nicole n’ait pas à supporter le moindre poids sur sa conscience. A la réflexion, les Jefferson faisaient suffisamment de dons pour que les mourants aient la décence d’exhaler leur dernier souffle ailleurs que sur leur route. Ce fut agacée au plus haut point par l’indélicatesse de l’homme décédé que Nicole s‘enfonça dans le dédale des rues du centre ville.

Dans le fond de son esprit, un but concis tendait à s‘emparer du gouvernail. Le froid, le vent et les quelques flocons qui commençaient à tomber ne suffiraient pas à détourer Nicole de son objectif. Depuis que la rumeur lui était parvenue aux oreilles, Nicole n’arrivait plus à s‘en détourner. Les jours passant, elle ne cessait de s‘amplifier, jusqu‘à ce que chacune des connaissances de la jeune fille ne s‘accordent à dire qu‘il ne s‘agissait plus seulement d‘une rumeur mais d‘un fait réel et vérifiable. Et Nicole s‘était donnée pour mission de vérifier ce fait. Dans quelques minutes, elle tournerait à l‘angle d’une rue, puis continuerait sur trois cent mètre avant de pénétrer à droite dans une ruelle étroite qui la mènerait sur une ruelle plus obscure. C’est là que se trouvait sa destination, derrière une solide petite porte à l‘abris des regards. Son rythme cardiaque s‘accélérait à mesure qu‘elle approchait de son but. La crainte se mêla à l‘excitation lorsqu‘elle pénétra dans la ruelle étroite qui dénotait son arrivée imminente. De faibles néons délabrés éclairaient piteusement la ruelle, mais Nicole ne se laissa pas atteindre par la peur panique qui menaçait de la submerger. Elle s’efforça de garder son calme en tournant dans la dernière ruelle. La désigner d’obscure revenait encore à la sur évaluer. Aucune lumière ne venait guider Nicole qui ne pouvait qu’avancer à tâtons. Même la lune lui avait fait faux bond. Pour ne connaître cette ruelle qu’à travers la description qu’on lui en avait faite, la jeune fille commençait à désespérer de jamais trouver la maudite porte qui hantait ses rêves. Aussi, lorsqu’un homme à l’allure sereine se présenta subitement face à elle, ce ne fut pas la crainte mais le soulagement que Nicole ressentit en premier. Puis, un instant après, tandis qu’elle le jugeait de pied en cape, elle ne put s’empêcher de trouver sa tenue noble, mais légère par un tel temps, plus ou moins douteuse. Pourtant, lorsqu‘il fit jouer son timbre gracieux, Nicole laissa s‘échapper tous ses doutes.

« Vous êtes perdue? »

Dire qu‘elle était perdue serait faux puisqu’elle savait pertinemment où elle se trouvait. Cependant, le regard doucereux dont la couvait l‘homme transportait Nicole d‘un étrange sentiment de fascination. Le regard ébahi, Nicole parvint à se composer un ton suffisamment assuré pour teinter son affirmation de vérité. Elle aurait été prête à lui jurer tout ce qu‘il voulait, et elle sentait qu‘il aurait été déçu qu‘elle lui affirme savoir parfaitement où elle se trouvait. Or, sa dernière volonté était bien de le froisser. Permettre au sourire fin et parfait qui venait de s‘immiscer sur les lèvres de l‘homme de vivre éternellement était le seul vœux qu‘elle était capable de formuler précisément en cet instant.

« Dans ce cas, laissez moi vous guider. »

Nicole ne fit pas un geste à son encontre lorsqu’il prit sa main pour la poser délicatement sur son propre bras. Son comportement de digne gentleman mit instantanément Nicole en confiance, sans qu’elle ne trouve étrange qu’il lui propose de la guider sans s’être inquiéter du lieux où elle souhaitait se rendre.
Mais il s’agissait plus d’une démarche symbolique en réalité, la jeune fille ne le comprit que lorsque des crocs acérés vinrent se nicher dans son cou, perçant sa jugulaire sans effort dans un craquement sourd.
L’homme l’avait conduit un peu plus loin dans la ruelle, puis il l’avait délicatement poussé contre le mur d’un édifice qui paraîtrait plus tard immense à la jeune fille. L’inconnu n’avait agit qu’avec la plus extrême tendresse. Aussi, lorsqu’il se serra un peu plus contre elle et pencha son visage dans son cou, Nicole n’eut pas le cœur à le repousser. D’autant que, de ce qu’elle avait put juger, l’homme était loin d’être désagréable à regarder. Mystérieux à souhait, regorgeant de bonnes manières, Nicole ne put que s’accrocher à ses gestes, devenue étrangement docile et conciliante. Son indicible curiosité l’empêchait de toute façon de repousser l’homme, souhaitant comprendre ses intentions.

En même temps que la douleur fulgurante qui s’empara de son cou, Nicole se fit frapper par un étrange éclair de lucidité. Elle l’avait prit pour un homme, mais il n’en était rien. Il s’agissait plutôt d’une créature mythique dont Nicole n’aurait jamais soupçonné l’existence réelle. Un vampire. Voilà ce qui venait de meurtrir son cou et s’employait désormais à la vider de son sang. A mesure que la créature s’emparait du liquide qui la maintenait en vie, Nicole se sentait de plus en plus légère. Son esprit semblait se vider simultanément à ses veines. Sa tête bascula en arrière lorsque le vampire serra plus avidement son corps contre lui. Le peu de conscience qui restait encore à Nicole fut employé à observer le sommet des immenses bâtiments qui l’entouraient. Le ciel était particulièrement étoilé en cette soirée d’hiver. Un sourire s’esquissa un instant sur ses lèvres, avant qu’elle ne sombre dans l’inconscience.



La mort aurait-elle été plus douce que l’inconnu qui se dessinait devant elle? Nicky ne le saurait jamais. Contre toute attente, la créature s’était fait violence alors qu’elle était à deux doigts de vider entièrement la jeune fille de son sang. Inconsciente, elle lui fit avaler quelques gouttes de son propre sang, activant le processus qui allait faire de la jeune humaine un monstre à son effigie. Le vampire aurait put laisser sa toute nouvelle infante dans la rue sombre, livrée à elle-même. Mais un éclair de bonté, ou peut-être de lucidité, l’incita à porter le corps inerte de sa victime jusqu’au Glory Manor, où vivaient les siens.

Nicky erra longuement dans les tréfonds de son esprit, plongée dans un état proche de la catatonie. Lorsqu’elle s’extirpa enfin de son étrange coma, ce fut pour s’éveiller dans des draps frais et soyeux et au sein d‘un monde nouveau, plein de senteurs et de sensations toutes aussi nouvelles. Ses yeux papillonnèrent légèrement avant que des voix n’attirent son intérêt et l’incitent à feindre l’inconscience.

« Je crains de comprendre pourquoi il nous l’a amenée ici … »

La voix masculine avait un accent très profond et Nicky se serait laissée bercer par celle-ci si son instinct ne l’avait pas poussée à écouter le moindre mot de la conversation.

« Pauvre enfant … si jeune et si pure. »

Cette nouvelle voix appartenait à une femme. Doucereuse et trainante, elle n’inspirait aucune confiance à la jeune fille. La femme qui s’exprimait ne semblait pas ressentir plus de pitié que de convoitise à l’égard de Nicky, car c’était bien elle qu’on qualifiait de pauvre enfant. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour en arriver à cette conclusion, mais elle ignorait encore à qui appartenait ces voix inconnues. Bridant la curiosité qui la tiraillait, Nicky garda les paupières closes et tendit l’oreille afin d’en apprendre davantage.

« Je n’aime pas ce ton. Lestat a beau transformer de pauvres humains à la pelle et les abandonner aussi sec, il n’est pas question de profiter de ces cibles faciles. »

Des vampires. Il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de vampires. Et partant de l’hypothèse qu’ils parlaient bel et bien d’elle, Lestat devait être la créature que Nicky avait rencontré dans la petite ruelle sombre et déserte. Cette pensée lui imposa à nouveau les douloureuses sensations qui l’avaient étreint alors que le vampire se nourrissait de son sang. Un frisson lui parcourut l’échine, mais Nicky aurait mit sa main à couper que les vampires à sa porte ne s’en doutèrent pas.

« Ce n’était pas du tout mon intention … Je songeais juste au plaisir que sa transformation a dû procurer à cet ingrat … Ses joues devaient être bien roses avant qu’il ne la condamne à la froideur, et son sang … »

« Doit arrêter de te mettre dans cet état. Cet imbécile de Lestat a beau être arrivé comme une fleur avec sa nouvelle future ex protégée, ce n’est pas une raison pour ne pas la traiter comme l’une des nôtres. »

Un sifflement de dépit comme unique réponse aux paroles catégoriques de son condisciple, la vampire ne souhaita pas en écouter davantage. Elle s’éloigna d’un pas traînant et Nicky songea que sa frustration devait se sentir à des kilomètres à la ronde. Mais le vampire mâle ne sembla pas s’en formaliser. Il demeura quelques instants accoudés à l’angle de la porte et Nicky sentit son regard perçant s’appesantir sur elle. Il lui était arrivé déjà de lire deux ou trois choses sur ce genre de créatures. Bien sûr, elle n’y avait alors pas prêté le moindre crédit. Mais elle songeait désormais que le don de télépathie que l’on prêtait aux vampires n’était sans doute pas plus un mensonge que leur existence. Était-il en train de sonder ses pensées?
Le soulagement prit cependant la place du doute lorsqu’elle sentit la morsure vive du regard du vampire s’estomper. Quelques secondes plus tard, elle entendait ses pas s’éloigner dans le couloir. Avec un soupir, elle ouvrit enfin les yeux. L’effarement fut suivit d’une allégresse peu commune lorsqu’elle constata l’étendue de sa nouvelle vue et de chacun de ses autres sens.

La lune, pleine et lumineuse, trônait haut dans le ciel nocturne. Accoudée au bord du balcon sur lequel donnait sa chambre, Nicky observait l’astre avec autant de fascination que de dégout. Au bout d’un moment, alors que ses songes commençaient à la submerger, la porte de sa chambre s’ouvrit pour laisser entrer un visiteur. L’éternelle jeune fille n’eut pas besoin de détourner les yeux de l’astre qui accaparait toute son attention pour connaître l’identité de celui qui venait de pénétrer dans sa chambre. Fermant un instant les yeux, elle se laissa bercer par le parfum qui, depuis des années, avait le don de la rassurer. Elle sentit l’effluve s’approcher d’elle en même temps que son propriétaire, qui vint finalement se poster à ses côtés. Elle rouvrit alors les yeux et, sans un regard pour le vampire, elle s’exclama :

« L’oisiveté m’ennuie! Demain, je reprend mes études! »

Pour toute réponse, le vampire laissa échapper un grognement moqueur. Puis un instant de silence tomba entre eux. Effaçant la moue frustrée qui avait peint ses traits suite à la réaction de son condisciple, Nicky se tourna résolument vers lui. Plantant son regard étincelant dans celui de son aîné, elle sentit son assurance monter d’un cran. S’il n’avait pas aussi sèchement et sincèrement répondu à sa résolution, elle n’aurait sans doute pas ressenti l’intense besoin de la défendre bec et ongles.

« Tu ne m’en crois pas capable, n’est-ce pas ?! Je vais te montrer que je le suis ! »

La vampire lui accorda un bref regard, sans se tourner davantage vers elle. Il continuait d’observer l’horizon comme si les paroles de la jeune fille aux dents acérées n’avait été qu’un vague bruissement désagréable. Nicky détestait qu’on l’ignore ainsi et il devait pertinemment le savoir. Elle aurait voulu le bousculer un peu, lui crier rageusement qu’elle ne rigolait pas et qu’elle comptait réellement mettre ses paroles à exécution, mais elle se demandait si cela aurait seulement une infime répercussion sur sa façon de la juger. Pour lui, elle n’était qu’une gamine de 107 ans, qui ne connaissait pas d’autres moyens pour attirer l’attention de ses aînés que ceux de crier et faire du bruit, de quelque façon que ce soit. Plusieurs fois, il avait dû personnellement passer derrière elle afin de nettoyer ses sautes d’humeur ou de sauver une situation épineuse. Un jour, il l’avait même accusée de mettre le désordre dans l’unique but de l’agacer, lui qui devait constamment rattraper ses maladresses. Des paroles affreuses avaient été dites ce jour là, venant des deux parties en présence. Et pourtant, aujourd’hui, tout semblait pardonné … Mais ne s’agissait-il pas seulement d’un faux semblant? Nicky trouvait peu probable qu’il la pardonne un jour, étant donné tout le mal qu’elle lui donnait. La railler lorsqu’elle s’armait de bonnes et nouvelles résolutions était sans doute la seule façon qu’il avait trouvé pour lui faire comprendre à quel point elle l’exécrait. Cela paraissait valable, du moins jusqu’à ce qu’il ne pousse un soupir et s’accoude à son tour au balcon.

« Je sais que tu en es capable … Tu crois avoir encore des choses à me prouver ? »

Il l’avait regardé et haussé un sourcil … aguicheur? Nicky dû prendre sur elle pour ne pas montrer sa gêne à voir ainsi le vampire jouer avec elle. Remerciant sa nature de vampire, qui l’empêchait de rougir malgré son embarra, Nicky répondit par un sourire mordant avant de bousculer son aîné d’une simple pression sur l’épaule.

« Depuis quand tu crois en moi toi ?! Je m’attendais plus à ce que tu me rappelles à quel point je n’étais qu’une gamine capricieuse qui ne sais rien faire correctement de mes dix doigts. »

Le vampire sembla amusé par la légère surprise de Nicky. Il l’examina d’un regard indiscernable, forçant la jeune fille à le soutenir longuement. Puis, enfin, il se fendit d’un sourire goguenard, et sembla suffisamment satisfait pour révéler le fond de sa pensée.

« J’aurais pu le faire. Et là tu m’aurais bassiné en me rappelant toutes les qualités dont tu te penses fièrement dotée, pour qu’au final je capitule histoire de ne pas y passer la nuit. Alors qu’y a-t-il de mal à gagner du temps ? D’autant que j’ai réellement faim et que je ne tiendrais pas toute la nuit à t’écouter te lancer des fleurs. »

Dépitée, Nicky détourna le regard du spectacle odieux que lui imposait le vampire. Quel goujat il pouvait faire parfois, lorsqu’il s’y mettait. C’était certain désormais, il la détestait et il tenait à tous prix à lui faire psychologiquement payer son comportement. Ramenant son regard bougon vers la lune, elle se fit la promesse qu’elle ne le laisserait plus la tourner ainsi en ridicule. Elle lui prouverait que toutes les « fleurs » qu’elle se lançait étaient justifiées. Elle lui prouverait qu’elle était capable de faire quelque chose de sa vie, de se rendre utile, voire indispensable. Qu’importe le temps que cela lui prendrait, elle lui prouverait qu’il avait tort à son sujet. Elle n’était plus une enfant.
Et cela commencerait demain. Elle se rendrait sur le campus universitaire, de jour, et s’y ferait accepter.



Depuis qu’il l’avait bousculée dans un couloir, sans doute sans réellement s’en rendre compte, son visage hantait Nicky. A chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle revoyait ses traits purs et parfaits. Elle le voulait, elle en avait besoin. Et, ce soir, tel serait surement le cas. Après avoir passé un temps fou à le rechercher, sa patience fut récompensée. Il était étudiant en médecine et, théoriquement plus âgé qu’elle, il serait en mesure de lui donner quelques cours de soutien sur tel ou tel point du cours que Nicky pouvait estimer sans rougir ne pas maîtriser.
Avec un frisson d’impatience, Nicky relut le message que lui avait envoyé le jeune homme et dans lequel il lui précisait ses coordonnées. Le taxi n’allait pas assez vite à son goût, elle aurait déjà voulu y être. Chacun de ses sens était en ébullition, tant l’envie la tiraillait. Afin de rendre l’épisode le plus marquant possible, Nicky s’était passée de repas en ce début de soirée. Résister face à l’étudiant allait être particulièrement éprouvant, mais elle savait que ça en vaudrait la peine.

Elle descendit le plus posément possible du taxi, ne laissant à son conducteur que le stricte paiement du trajet, agacée par son intransigeance à respecter à la lettre les vitesses autorisées. Son sac sous le bras, Nicky se présenta sur le perron de la jolie demeure qui abritait l’humain de ses convoitises. Elle n’eut pas à attendre bien longtemps après avoir sonné. La porte s’ouvrit bien vite et une femme d’âge mure apparut dans l’encadrement. Nicky cacha tant bien que mal sa surprise, essayant de sourire autant que possible. Elle ne s’était pas attendue à ce que l’humain habite encore chez ses parents. Il s’agissait là d’un problème de taille.

« Bonsoir! Vous devez être la jeune fille dont William nous a parlé … Vous venez pour les cours de soutien, alors? »

La femme semblait plutôt dubitative et Nicky se demanda si elle ne se doutait pas de quelque chose, à en constater l’œil trouble avec lequel elle la considérait.

« Oui, en effet. Je m’appelle Nicky, ravie de vous connaître Madame. »

La vampire ne s’était pas retrouvée aussi mal à l’aise depuis bien des années. Il s’agissait là d’un sentiment bien trop humain, qui avait le don de rebuter Nicky. Le femme sembla néanmoins satisfaite de la réponse sobre qu’elle lui avait donné. Elle esquissa un sourire, avant de déclarer:

« Mon fils est encore dans sa chambre, je vais l’appeler… Mais entrez-donc, je vous en prie. »

Nicky fut rassurée par l’invitation. Elle commençait à craindre qu’elle n’arrive jamais, l’obligeant à demeurer pantoise, sur le perron, comme la plus parfaite des abruties.
Aussi la vampire ne se fit-elle pas prier pour passer le pas de la porte en toute sécurité. Une fois à l’intérieur, elle referma docilement la porte derrière elle, avant de laisser son regard papillonner en tous sens, tandis que la femme la menait jusqu’au salon. L’humaine lui désigna le confortable fauteuil d’une main avenante, pour l’inviter à y prendre place tandis qu’elle s’époumonait à appeler son fils. Un sourire simple flotta sur les lèvres de Nicky lorsque la femme la considéra à nouveau. Il était décidément inconcevable qu’elle prenne ce cours de soutien dans cette demeure. Jamais elle n’aurait l’occasion de se repaître convenablement et elle était désormais trop affamée pour s’en passer. Lorsque William pointa enfin le bout de son nez, sa mère trouva bon ton de les laisser tranquille, mais Nicky savait que cela ne serait pas suffisant. Les humains avaient la fâcheuse manie de faire du bruit lorsqu’on faisait la démarche de les vider de leur sang. Celui-ci ne ferait certainement pas exception.

« Tu veux quelque chose à boire? »

Si seulement il savait à quel point Nicky avait précisément envie de boire quelque chose en cet instant. Elle se retint cependant de formuler sa requête et sauta plutôt sur l’occasion de quitter la demeure trop chaleureuse.

« Pourquoi pas. Je me disais que ça pourrait être agréable d’aller boire un verre quelque part avant de commencer à travailler, non? »

Elle savait pertinemment que William pourrait interpréter cela à sa manière, qui serait sans doute la plus valable. Mais qu’il pense qu’elle s’intéressait davantage à lui qu’à ses cours de soutien pouvait jouer en sa faveur. Aussi ne se gêna-t-elle pas pour se fendre d’un sourire encourageant.